Inauguration...
Nous sommes heureux de reproduire le discours pronocné par M. Lautissier à l’Inauguration du Monument aux Morts pour la France.
Mesdames, Messieurs,
Je m’associe de grand cœur aux communes de St-Baudel et de Villecelin qui, aujourd’hui, par l’inauguration de ce monument, apportent leur tribut de reconnaissance et d’admiration à leurs enfants morts pour la France, pour la défense du droit, de la Justice et de la liberté.
Braves enfants de St-Baudel et de Villecelin, si la pierre où sont gravés vos noms est modeste, grande est la reconnaissance qui remplit nos cœurs. Que vous reposiez là où vous êtes tombés ou que vos restes aient été ramené dans ce pays natal que vous aimiez tant, dormez en paix ; nous ne vous oublierons jamais.
Lorsqu’il y a huit ans retentit le cri d’alarme, vous êtes partis pleins d’enthousiasme comme tous vos camarades de la France.
Partout vous avez fait votre devoir, que ce soit à la Marne, sur l’Yser, en Champagne et à Verdun.
Partout ? à la puissance des engins de guerre qu’un ennemi redoutable avait préparés de longue date, cous avez opposé vos jeunes poitrines qui ont formé une barrière de fer infranchissable à l’envahisseur.
Et pendant que vous teniez dans la boue des Tranchées, la France, qui n’était pas préparée à la guerre, a pu fabriquer le matériel qui devait nous aider à décider de la victoire.
Votre vaillance, votre abnégation ont permis à nos forces de croitre chaque jour car des alliés, d’abord hésitant, sont venus peu à peu se ranger sous notre drapeau qu’ils ont reconnu être celui du droit.
Grâce à vous et à vos camarades de combats, la France a triomphé de la plus dangereuse tentative d’extermination qu’un peuple ait jamais connue.
Et maintenant nous pouvons vous pleurer, immortels poilus, dignes successeurs des fils de la Révolution. Non seulement le patrimoine légué par vos aînés est intact, mais vous avez effacé de notre histoire une page malheureuse et rendu à leur mère patrie, l’Alsace et la Lorraine.
Cependant l’horizon est encore sombre ; il nous reste encore beaucoup à faire pour rendre définitive cette paix si chèrement acquise : aussi, mes chers Amis qui m’écoutez, soyons dignes des héros de la grande guerre. Travaillons, la main dans la main, à panser les blessures dont souffre encore notre pays ; travaillons au relèvement de l’équilibre momentanément rompu pas l’épouvantable cataclysme.
Quant à vous, mes chers enfants, rappelez-vous souvent l’exemple de ces martyrs.
Sur les bans de l’école, songez à eux pour affermir votre volonté et écouter avec attention et respect la voix de vos maîtres. Réfléchissez que si vous le devez à vos aînés qui ont combattu avec tant de courage et d’abnégation. Que votre conduite, votre activité, votre dévouement à la mère Patrie fassent honneur à ceux que nous pleurons.
Enfin vieux parents qui avez perdu le fils espoir de votre vieillesse, veuve éplorées et vous pauvres petits orphelins privés des caresses paternelles, que ce monument soit la tombé de vos chers disparus.
Votre deuil est le nôtre et vous pouvez croire que notre affectueuse sympathie vous restera. La France continuera à ne pas vous oublier et à remplacer le soutien que cette maudite guerre vous a enlevé.
Chers enfantes de St-Baudel et de Villecelin qui êtes morts glorieusement pour la Patrie, je m’incline respectueusement devant vous au nom de tout le canton de Lignières.
Source: L'Avenir du Cher du 26 novembre 1922. Transcription Monumentsducher1418