Inauguration...
Dimanche dernier a eu lieu l'émouvante cérémonie de l'inauguration du monument élevé par la commune aux enfants du pays morts pour al France.
Le programme comprenait deux parties:
A l'église, messe pour le repos de l'âme des soldats tombés au champ d'honneur.
Au cimetière, bénédiction du monument érigé à leur mémoire et discours appropriés.
La première partie s'est effectuée avec toute la dignité que comporte un acte de ce genre. Les orphelins de la guerre figuraient au premier rang; les mères et les veuves se reconnaissaient assez sous leurs vêtements de deuil: et pour honorer comme il convient ces innocentes victimes de la barbarie teutonne, M. Dubois, député du Cher, Ceint de l'écharpe tricolore, avait pris place au milieu d'elles. Tous les Vétérants de Châteauneuf et les Combattants, avaient aussi tenu à faire acte de présence.
La messe fut célébrée par M. le doyen de Chateauneuf. A l'offertoire, lentement, solennellement une voie mâle entonna l'hymne bien connu.
Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie, Ont droit qu'à leurs cercueils la floute vienne et prie.
Ces paroles du grand poète recevaient, on ne peut mieux, leur réalisation; l'église était beaucoup trop étroite pour contenir la foule sympathique et recueillie qui était venue rendre ses devoirs aux héros de cet humble village. Et le choeur des jeunes filles de Châteauneuf reprenait avec non moins de vérité et d'à-propos: ...La voix d'un peuple entier les berce en leurs tombeaux.
A l'issue de la messe, M. le doyen prononça une allocution courte et vibrante qui peut se résumer ainsi: nous devons à nos soldats tombés au champ d'honneur le triple hommage de notre admiration, de notre reconnaissance et de nos prières. L'absoute solennelle termina cette première partie.
Au cimetière la cérémonie fut encore plus impressionnante. Bien des yeux se mouillèrent de larmes lorsqu'une petite fille, pupille de la nation, vint accrocher la Croix de guerre au monument, tandis que son jeune frère y déposait la palme de bronze. Après la bénédiction du monument par M. le doyen, le choeur des jeunes filles chanta la gloire de nos héros dans un hymne triomphal et les clairons leur portèrent le salue de la foule.
C'était le moment des discours.
M. Dubois fit l'éloge du soldat français, particulièrement du soldat de nos campagnes; puis, au nom de l'assistance, il offrit aux mères, aux veuves, aux orphelins, ses condoléances, leur donnant à tous, suivant les paroles de M. le doyen, l'espoir de retrouver leurs chers disparus dans un monde meilleur. M. le président des Vétérans parla aussi au nom de la section et déposa une palme sur le monument.
Mais l'émotion fut à son comble lorsque M. Lemoine, Maire de Corquoy, donna lecture de la liste funèbre; les larmes jusque-là péniblement contenues se donnèrent libre cours. La présence de ces héros devenait en quelque sorte sensible, comme si chacun d'eux à l'appel de son nom avait répondu; "Présent! Ah! oui, cent morts, présents vous l'étiez. L'humble monument que vos compatriotes vous ont élevé n'est point vulgaire cénotaphe, mais un temple habité, un sanctuaire dont vos mânes glorieux ont pris possession et près duquel l'orphelin viendra pleurer et le passant prier.
Un assistant.
Source: L'Echo du Cher du 16 novembre 1921 - Transcription Monumentsducher1418