Monument principal - Inauguration...
Le jour de Toussaint, par un beau temps d’automne, la population de la commune et celle des villages environnants débouchait en rangs serrés, denses, sur la principale place du bourg. Tous ces rudes travailleurs avaient des physionomies graves, recueillies et d’arrêtaient, émus d’admiration et de reconnaissance, devant le magnifique monument élevé à la Mémoire des Morts pour la France.
Ce monument, chef d’œuvre du au ciseau de deux éminents sculpteurs de talent, résidant au chatelet, était décoré avec goût et fascinait tous les regards.
L’église de la paroisse était trop petite pour contenir l’immense affluence accourue afin d’assister à la glorification des héros de Loye tombés bravement pour la défense de leurs foyers.
Dans un sermon, empreint du plus pur patriotisme, le desservant, M. Mabillat, célébra le dévouement de ses compatriotes et les adjura de maintenir toujours l’Union sacrée pendant la Paix.
A l’issue de la messe paroissiale, eut lieu la bénédiction du monument. La cérémonie officielle commença ensuite.
Etaient présents ; MM. Le sous préfet de Saint Amand, Valude député, Bardary, Champenier, Floquet, Bernard, le dévoué instituteur de la commune, Mabilat desservant, Séguin de Crézancy etc.
M. Emmanuel Dufloquet, maire, en un discours très littéraire et fort touchant, engagea la population ç se souvenir éternellement du sacrifice de ses enfants, à suivre leur exemple d’abnégation, de solidarité, pour le grand bien de la Patrie.
M. Micheau, de Loye, fit un émouvant parallèle entre l’héroïsme de Jeanne d’Arc et celui de nos poilus, dit que nos soldats ont toujours le même cœur, les mêmes bras que ceux de la sainte fille et de ses compagnons d’armes. Tous les yeux se mouillèrent ; les vieilles mères éplorées, les jeunes femmes désolées versèrent leurs pleurs aux accents sincères de ce père douloureusement éprouvé par la Guerre.
M. le sous préfet, M. le député, avec leur talent bien apprécié, émotionnèrent l’assistance en exaltant le courage des héros de Loye.
M. le sous préfet attira profondément l’attention de ces braves populations agricoles par l’assurance qu’il leur donna que le gouvernement fait tous ses efforts pour encourager les agriculteurs à rester à la charrue.
M. Valude ne fut pas moins écouté lorsqu’il exposa que chaque soldat avait fait son devoir avec désintéressement, parce qu’il comprenait qu’il se battait, mourait pour son coin de terre, son atelier, afin de repousser l’envahisseur orgueilleux, despotique, barbare.
Personne de doutera de ce que fut le banquet servi délicatement et copieusement par M. Dufloquet, Mme Gessier, sous la haute direction de M. Pierre dont l’éloge n’est plus à faire.
Au dessert, des toasts furent portés à la gloire de nos morts par M. le maire, M. Micheau qui remercièrent en termes chaleureux les habitants, les convives d’être venus aussi nombreux ; par le sous préfet qui adresse l’expression de sa reconnaissance à la municipalité, aux organisateurs pour l’honneur de leur invitation ; par M. Valude enfant du pays, qui eu une causerie humoristique, démontra que la république est ouverte à chacun par l’union de tous les Français.
A la fin, M. Pierre, de sa voix solennelle et attrayante, entonna la Marseillaise dont le refrain fut accompagné en chœur par l’assistance. La fête fut clôturée par la lecture d’une lettre d’excuse de M. Pajot, sénateur, retenu à Saint Priest.
Journée de confraternité oubliable pour Loye laquelle maintiendra l’Union sacrée entre tous les habitants de ce charmant pays.
Source: L'Avenir du Cher N° 1927 du 06 Novembre 1921. Transcription Monumentsducher1418