Inauguration...
Dimanche dernier, à Allogny, eut lieu l’inauguration du Monument érigé à la mémoire des enfants de la commune morts pour la France. Cette cérémonie fut empreinte d’une simplicité touchante. Notre commune compte quarante-cinq enfants morts sur les champs de batailles.
Anciens combattants, vétérans de 1870, parents, amis se firent un devoir d’être présents à la double cérémonie, inauguration officielle et service religieux. Le matin à l’église, devant une foule profondément recueillie, l’abbé André, un ancien de la 133° division, « la Gauloise » curé de la paroisse, a rendu avec émotion et avec cœur un digne hommage aux Enfants de cette petite commine, aux familles en deuil.
A trois heures, la même foule se réunissait à nouveau au pied du monument sur la place de la Mairie. Le ciel est couvert et par moments de fortes ondées viennent contrarier la cérémonie. M ; le Maire, accompagné de M. Desbarres, conseiller général du canton de St-Martin, préside. Le cortège des forme dans l’ordre suivant : les pupilles de la Nation, les enfants des Ecoles, les parents de nos soldats, la municipalité, les anciens combattants, et se rend au cimetière pour déposer un bouquet de fleurs sur les tombes des soldats, dont les corps ont été ramenés du front. Pour ces morts, un enfant récite une poésie de circonstance. Le cortège revient près du monument, les petits enfants des écoles, dirigés par Mlle Baudet, institutrice, exécutent merveilleusement plusieurs morceaux de musique : « La Marseillaise » et deux chants patriotique. Au nom de la municipalité, M. le Maire remet le Monument à la population, puis en termes émus rappelle le sacrifice de ceux qui ont versé leur sang pour la plus noble des causes, leurs mérites, leur courage, leur ténacité, leur dévouement. Il s’incline devant la douleur des familles. Il trace le devoir qui incombe désormais à tous : garder gravés dans le cœur les noms de ces héros, et pour ne pas perdre le fruit du sacrifice, travailler unis à réparer les ruines et refaire plus belle notre France.
M. Desbarrez, Conseiller général, en un langage simple dans les expressions, mais riche d’idées et de sentiments, donne à son tour son témoignage de reconnaissance à nos chers morts.
« Le monument, dit-il, est un symbole ; il est l’âme de ces enfants au milieu de nous, leur souvenir gardé et transmis aux générations futures, leur sacrifice sans cette présent à nos yeux, le mémorial du triomphe de la France. »
M. Desbarres nous rappelle l’agression préméditée, la séparation à l’heure tragique du départ, l’union de tous en face du danger, les terribles angoisses des premiers mois de la guerre, la victoire de la Marne, la ténacité, l’endurance du poilu durant les quatre années qui suivirent au paysan de France, à ce modeste artisan qui a si noblement rempli sa tâche en défendant cette terre qu’il aime.
« Honneur à vous tous, braves paysans, mutilés, anciens poilus d’Allogny et de toute la France, termine-t-il. Vous avez bien mérité de la Patrie. Honneur aux enfants de cette commune dont les noms sont inscrits sur le Monument. Ils sont dignes d’un souvenir éternel. Vive la France. Vive la République. »
L’assistance est profondément impressionnée, et les yeux à nouveau se mouillent de larmes. La médaille d’or à la famille française est remise solennellement à Mme Bourgoin, mère de deuze enfants. Un vin d’honneur est offert par la Municipalité à M. Desbarres et aux anciens combattants.
Source: ladépêche du Berry du 21 juillet 1922. Transcription monumentducher1418