Inauguration...
Grande Cérémonie commémorative pour les Soldats morts à la Guerre.
Mercredi dernier, 11 novembre, a eu lieu dans l’église Notre-Dame de Vierzon, à 9 heures et demie, une émouvante et grandiose cérémonie en l’honneur de nos soldats morts à la guerre, sous la présidence de Mgr l’Archevêque de Bourges.
Notre belle paroisse qui compte près de 15.000 âmes et comprend les communes de Vierzon-Ville, Vierzon-Bourgneuf et Saint-Hilaire de Court a donné généreusement près de 550 de ses fils pour la Patrie. Pour perpétuer et honorer leur souvenir des plaques commémoratives de marbres blanc ne mesurant pas moins de 6 mètres de longueur sur 3 mètres de hauteur viennent d’âtre apposées dans notre église et bénites solennellement par Monseigneur l’Archevêque, tandis que les chœurs redisaient l’hymne célèbre de Victor Hugo :
Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.
Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère.
Et comme ferait une mère,
La voix d’un peuple entier les berce en leur tombeau.
Gloire à notre France éternelle !
Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
Aux martyrs ! Aux vaillants ! Aux forts !
A ceux qu’enflamme leur exemple,
Qui veulent place dans temple,
Et qui mourront comme ils sont morts.
Ces plaques portent en lettres d’or les noms des soldats victimes de la guerre,
Sous un Christ qui figure la grande victime expiatrice dont le sang divin a racheté toutes les autres et qui nous promet pour elles l’espérance éternelle.
Notre archiprêtre eu aussi pour nos morts l’heureuse inspiration de faire fondre une cloche qui porte en glorieuse couronne tous leurs noms et cette Cloche des Soldats qui rappeler chaque jour que nous devons prier pour eux a été baptisée au milieu de la foule immense et attendrie de leur famille par Mgr l’Archevêque. En souvenir de l’armistice qui fut signé le jour de la fête de Saint-Martin, soldat puis grand apôtre de notre pays, le nom de Martin a été donné à la Cloche du Souvenir.
Un grand blessé de guerre, M. André Godiroy, fut son parrain.
Une mère cruellement éprouvée, Mme Desrosiers, qui donna ses deux fils à la France, fut sa marraine.
Cette cérémonie était bien faite pour réunir l’adhésion et faire l’union de tous les Vierzonnais accourus en foule dans notre église trop petite.
Ce 11 novembre dut donc pour tous la grande journée de nos morts de la guerre, car qui donc, hélas ! n’a pas perdu quelqu’un qui lui était cher.
Les Vétérans de 1870, l’Union Nationale des Combattants, l’Association des Prisonniers de guerre qui, dès 8 heures, le matin, se réunissaient comme chaque année pour porter des fleurs et des palmes sur les tombes des soldats eurent l’honneur de venir en cortège prendre part à cette belle cérémonie religieuse, dont voici le programme.
Entrée solennelle de Monseigneur d’Archevêque ; Chant du Benedictus en faux-bourdons ; Messe dite par Mgr l’Archevêque.
Pendant la messe, furent chantés par la Chorale, avec accompagnement d’orchestre le Kyrie et le Sanctus de la messe à quatre voix mixtes de Sainte-Cécile, de Gounod et l’Agnus Dei de la messe de César Franck.
Divers morceaux d’orgue furent exécutés par M. Hubert, organiste du Grand Orgue de la Cathédrale de Bourges, dont le talent fut fort apprécié.
Le Crucifix, de Fabre, interprète avec Madame par Monsieur et Madame Frodinenty ( ?) fit une profonde impression.
Discours de Monsieur le chamoine Chevaner, archiprêtre d’Issoudun.
Solo de mademoiselle Rabaron.
Baptême de la cloche.
Grand Chœur par la chorale, ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie, poésie de Victor Hugo, musique de M ?
Bénédiction des plaques commémoratives ;
Hymne aux morts pour la Patrie, Paroles de Charles Pigny, Musique d’Henri Fevrier ; Solo par Monsieur F ?
Retour du Cortège à l’autel ;
Chant final, Tolinte Hostias, de Saint-Saens.
Allocution de Mgr l’Archevêque.
La voix des Cloches, Chœur par la Chorale.
Pour l’organisation de cette journée, Monsieur le Curé trouva partout un accueil empressé et put créer, avec le concours d’artistes de la ville et du Patronage Notre-Dame, une chorale paroissiale qui fit entendre de très beaux chants. Les chanteuses et instrumentalistes de notre ville, rehaussèrent de leur talent l’éclat de cette cérémonie tout d’union sacrée.
Monsieur le chamoine Chevalier sut dégager admirablement le sens profondément chrétien et consolant de cette journée. Un grand et pieux devoir s’impose à tous : Ne pas oublier nos morts et prier pour eux, ces plaques commémoratives raviveront notre souvenir pour les morts.
Exposées à la vue de tous, dans la maison de Dieu, elles rappelleront notre triple devoir ; la prière ; l’exemple d’une vie digne de ceux qui ont versé leur sang pour nous ; le maintien de l’idéal chrétien qui a fait la France, pour laquelle ils sont morts.
Cette cloche symbolique de nos soldats sera la voix des morts parlant aux vivants, et ainsi sera réalisé le grand dogme de la Communion des Saints.
Monseigneur l’Archevêque, remercia en terminant, d’une façon délicate, tous les organisateurs de cette journée, et les nombreux donateurs qui apportèrent généreusement et spontanément leur offrande. IL félicita les familles de la paroisse de leur concorde et de leur esprit de foi, monsieur le Curé de son zèle, de son affection pour tous, de son heureuse initiative. Puis, avec l’autorité du chef et du père il souligna les grandes leçons de la cérémonie. Enfin le cortège et le foule sortirent lentement, remplissant la place, tandis que longtemps défilaient pieusement devant la plaques et la cloche, les familles et les amis qui reviendront souvent dans cette maison de la prière et de l’espérance.
Source: Le Petit Berrichon du 7 novembre 1925. Transcription Monumentsducher1418