Inauguration ...
Le 29 février dernier eut lieu, à Bessais, l’inauguration du monument érigé à la mémoire des 38 enfants de la commune morts pour la Patrie pendant la guerre (1914-1918)
Par le soin des habitant le bourg entier avait été pavoisé et décoré de la plus merveilleuse façon.
De chaque côté de la Route nationale et du chemin adjacent une haie de genévrier donnait aux pavoisements un caractère de mélancolie bien de circonstance, des guirlandes de lierre et de laurier piquées de roses, et accrochées aux poteaux garnis d’oriflammes et d’écusson à 3 drapeaux formaient un ensemble d’un charme sans exemple.
Trois splendides arcs de triomphe tout confectionnés de verdure rehaussaient le bon goût, l’exquise habileté de ceux qui les avaient dressés.
Des banderoles aux touchantes inscriptions ajoutaient encore à la magnificence des décorations en y apportant l’idée morale qui devait se dégager de la célébration du jour. Un soleil radieux inondait de lumière toutes ces belles choses préparées pour la glorification de ces héros du pays.
La cérémonie fut imposante et empreinte du plus respectueux recueillement, à 10 heures fut célébrée une messe triomphale en l’honneur des enfants de Bessais morts pour la France. L’assistance fut si nombreuse d’une partie seulement put entendre l’office.
L’Union musicale de Sancoins qui apporta son bienveillant concours à la réussite de la cérémonie fit entendre des morceaux de la plus parfaite exécution ; à l’issue de la messe eut lieu la bénédiction du monument et des couronnes.
Un vin d’honneur offert à l’école des garçons par les autorités locales, réunit le conseil municipal, les maires des communes avoisinantes, les Mutilés, les Vétérans et les Poilus.
Le défilé, conseil municipal en tête, musique, mutilé et réformés ; enfants des écoles, jeunes filles chantent les chœurs, vétérans avec leur drapeau et poilus suivis d’une foule compacte se forma et se rendit au monument garni de drapeaux en berne, paré au mieux par des mains délicates et expertes et encadré d’un fond de verdure du plus gracieux effet. Le conseil municipal, les invités et les délégués prirent place sur l’estrade savamment décorée en enguirlandée avec virtuosité par ceux qui s’y étaient employés.
Des discours furent prononcés par le maire, le Président des vétérans et le représentant des poilus. Les couronnes offertes l’une par la municipalité, l’autre par les Poilus, la palme des Vétérans, la gerbe des enfants des écoles, celle des jeunes filles et plusieurs autres furent déposées au pied du monument.
Les discours prononcés, et les allocutions des enfants impressionnèrent vivement l’assistance, les chœurs exécutés par des jeunes filles du pays émurent profondément la foule. Des larmes sincères coulèrent sur de nombreux visages ; larmes de douve convenance et de touchant adieu. Toutes les âmes communiaient alors dans une même pensée. Et chacun rêvait aux absents glorifiés ce jour : la mère revoyait le petit gars en bleu horizon que le fléau lui avait ravi, l’épouse, son tendre mari ; les petit enfants le papa adoré qu’il s’embrasseront plus
La cérémonie terminée, la foule s’écoule lentement par les artères de la cité.
En banquet officiel (Salle Touzet) réunit de nombreux convives.
A 4 heures le brillant concert donné par l’Union musicale de Sancoins sur la place publique attira une foule nombreuse autour du kiosque improvisé et superbement orné par ceux qui en prirent l’initiative.
A 6 heures la Marseillaise exécutée face au monument devant la foule découverte et émue raviva en l’esprit de tous le souvenir des héros du pays ensevelis sans linceul.
La cérémonie fut d’une beauté impressionnante tant pour les familles éprouvées et les poilus que pour les assistants venus en foule pour cette circonstance.
A tous les habitants de la commune qui se sont déployés à quelques titre que ce soit pour mener à bien cette fête de haute reconnaissance et de pieux souvenir, nous adressons nos bien sincères félicitations. Bessais a su honorer ses enfants morts pour la patrie, il les a glorifiés dans l’intimité, il a pleuré ses chers morts, puis il est rentré au logis le cœur un peu angoissé peut-être mais fier d’avoir rendu un suprême hommage à ceux des siens qui sont restés dans la mêlée pour le salut de l’humanité entière.
PS.S. Les habitants de Bessais ont regretté qu’aucun personnage officiel n’ait pu venir présider à l’inauguration d’un monument élevé à la mémoire des soldats qui ont versé leur sans pour la défense de la Patrie.
Source: Le nouvelliste du centre du 13 mars 1920 - Transcription Monumentsducher1418