Inauguration...
Lundi 1er novembre, a eu lieu l’inauguration du monument élevé place de l’Eglise, à la mémoire des soldats de Meillant « morts pour la France » pendant la grande guerre 1914-1918.
Le matin, à 10 heures, cérémonie religieuse à laquelle assistaient M. Valude, député, M. Ragotin, conseiller général, M. le maire et le conseil municipal, M. le marquis de Mortemart et les membres du comité de souscription pour l’érection du monument, la société de secours mutuels, la société des prévoyants de l’avenir, les enfants des écoles, les familles des morts et une partie de la population.
Pendant l’office la société musicale de Meillant, sous l’habile direction de son chef, M. Bordat, exécuta d’une façon parfaite les deux morceaux suivants :
1-Elévation de Wattier pour 2 clarinettes et Violoncelle.
2-Marche funèbre de Chopin
A l’issue de la messe, bénédiction du monument. En quelques paroles émues et bien senties, M. le curé expliqua que ce modeste monument symbolise la vaillance, la bravoure, la force et l’union de tous les héros obscurs qui, en sacrifiant leur vie pour la Patrie, ont arrêté l’invasion des barbares, et sauvé la France de la destruction.
Sous la direction de M. Aupetit, violoniste de talent, les jeunes gens et les jeunes filles chantent « l’hymne aux morts » de Victor Hugo, puis les « Girondins »
La musique joue la « marseillaise » se dirige vers le café du commerce où est servi un banquet de 160 couverts environ.
Pendant le banquet beaucoup d’entrain. A la fin M. Tabrant, adjoint au maire et président du comité de souscription pour l’érection du monument, remercie toutes les personnes qui ont prêté leur concours pour l’organisation de cette fête. M. Valude député dit combien il est heureux d’assister à cette belle cérémonie et n’oublie pas de féliciter M. le Marquis de Mortemart d’avoir permis à M. Robinet d’ajouter au menu du copieux déjeuner un délicieux civet de chevreuil.
A trois heures le cortège se met en marche pour l’inauguration officielle. En tête le drapeau porté par un jeune soldat et entouré de trois médaillés militaires. Puis la musique, les porteuses de fleurs, M. Valude député, M. Ragotin conseiller général, M. Ernest Fournier Demars, président du comité républicain du commerce, de l’industrie et de l’agriculture, M. le maire et le conseil municipal, MM. Les membres du comité de souscription, les diverses sociétés avec leurs bannières, les enfants des Ecoles, les démobilisés et la foule. On peut dire que toute l population ou à peu près est présente.
Au pied du monument, la musique joue la sonnerie au drapeau, et deux poilus décorés font l’appel des morts.
Bien des larmes coulent. La chorale chante avec accompagnement de violon l’hymne à la Patrie.
M. le Marquis de Martemart, président d’honneur du comité de souscription remercie les organisateurs de la fête et les notabilités présentes
M. le maire prononce un discours duquel nous extrayons les passages suivant :
« Mesdames et Messieurs,
De toutes les nations du monde, la France a toujours occupé le premier rang en ce qui concerne le respect témoigné à ses morts, surtout quand ces morts sont des héros comme ceux dont nous glorifions la mémoire aujourd’hui.
Après le terrible cataclysme qui a ensanglanté le monde pendant cinq longues années, qui a plongé dans le deuil des millions de familles, la plupart des communes de France, dans un pieux sentiment de respect et de reconnaissance, ont pris l’initiative d’élever des monuments à ceux de leurs enfants tombés glorieusement au Champ d’honneur.
A cet effet, la commune de Meillant n’est pas restée en retard, puisque dès 1919, un comité à été formé, une souscription a été ouverte ici dans ce but et, comme j’ai déjà eu occasion de le dire dans une précédente cérémonie, si le monument n’à pas été élevé plus tôt ce n’est que par suite de circonstances indépendantes de la volonté des bons Français qui en ont pris l’initiative.
Aujourd’hui, c’est chose faite, le monument est posé. Le voici dans toute sa beauté, comme aussi dans toute sa simplicité.
Au nom du comité, au nom du conseil municipal, au nom des généreux souscripteurs qui ont contribué à son érection, je le lègue d’abord aux familles de nos malheureuses, mais glorieuses victimes ; je le lègue à la génération présente et aux générations futures, je le lègue à la population de Meillant tout entière.
Je place dons dès ce jour le Monument sous la sauvegarde de tous. En passant devant ce monument, les hommes devront se découvrir, les femmes devront s’incliner bien bas, et cela sans fausse honte. Dans la rue, quand nous rencontrons une personne respectable, nous la saluons, nous nous découvrons devant elle. Eh bien, mes amis, souvenons nous que nos morts sont cent fois, mille fois plus honorables que le plus honorables d’entre nous.
Et maintenant a vous, glorieux martyrs, glorieux héros de l’Yser, de la Marne, de Verdun, à vous glorieuses victimes du plus grand crime de l’humanité, à vous, pour qui nos larmes ne taritont jamais, nous jurons que votre souvenir restera éternellement gravé dans nos cœurs ; nous jurons que vos 37 noms gravés en lettres d’or sur les faces de ce monument resteront toujours pour nous le symbole du devoir et de l’honneur.
Héros de Maillant,
Au nom de vos familles éplorées, au nom du comité de ce monument, au nom du conseil municipal, au nom de la population de Meillant tout entière présente à cette cérémonie en témoignage de son respect et de sa reconnaissance, je vous salue !
Enfants de Meillant, gloire à vous !
Vive la France !
Notre sympathique député, M. Valude, prend ensuite la parole et en termes vibrants, qui vont jusqu’au fond du cœur des assistants, improvise un discours que nous ne pouvons malheureusement pas reproduire. Plus d’une larme coule, tant l’assistance est émue.
La musique joue « la marseillaise » et le défilé reprend pour la dislocation du cortège, place de la Pompe, après exécution de plusieurs chants et de plusieurs morceaux de musique.
Cette fête, pleinement réussie, a été empreinte de la plus belle union et d’une grande cordialité. Elle restera gravée dans la mémoire de tous et rappellera les sentiments d’admiration et de reconnaissance que nous devons à nos morts glorieux.
Source: L'Avenir du Cher N1875 du 7 novembre 1920. Transcription Monumentsducher1418