Inauguration (église)...
Bénédiction d’une plaque placée dans l’église en souvenir des soldats de la paroisse morts pendant la guerre.
Le Dimanche, 14 Mars, Massay honorait la mémoire de ses enfants tombés pendant la grande guerre. Une plaque commémorative, scellée au mur de l’antique collégiale de Massay, rappellera désormais à la population le souvenir de ceux de ses fils qui se sont sacrifiés et pour elle et pour le Pays.
La journée est printanière. Les fruitiers sont en fleurs. Un air de fête sourit aux familles endeuillées qui, déjà, se dirigent vers la majestueuse église. Leurs fils sont entrés dans la gloire. Leurs fils sont entrés dans la gloire. Leurs noms écrits en lettre de sang sur le marbre sacré vont être loués et honorés, d’abord par la liturgie catholique, ensuite par une parole puissante et émouvante.
10 heures… L’office divin commence. Le chœur rassemble les hommes, la vaste nef est noire d’assistants, les uns en deuil comme aux jours des cérémonies mortuaires, les autres enveloppés du voile de tristesse comme il sied au x invités dont l’âme vibre à l’unisson de ceux qui souffrent. La liturgie de Carême développe sa pompe sévère. Des voix de jeunes filles y ajoutent des mélodies moins austères, plus suaves. Le silence et l’émotion ont gagné l’âme de tous.
Le saint sacrifice s’achève. Une admirable prière de l’abbé Perreyve retentit sous les hautes voûtes. UN mutilé de guerre, avec sa médaille militaire et sa croix de guerre, gravit la chaire, s’y installe, s’y recueille. Nous le connaissons déjà ce prêtre des armées qui, au lendemain des grosses affaires, venait, dans les granges du front, exalter la mémoire des absents. A Massay, on répète son nom ; il s’appelle l’abbé Raimbault.
Tous les regards se fixent sur lui. Le panégyrique commence. Nos morts, nous dit-il, ont été pendant la grande guerre plus glorieux encore qu’à aucune autre époque de notre histoire. Ils avaient affaire à une coalition d’embûches dressés contre eux. Toutes les ressources d’une science satanique s’étaient liguées contre leur vie. Ils se sont sacrifiés dans leur angoisse et dans leur misère pour la rédemption de la patrie. Ils ont tenu, ils ont attaqué. Ils nous ont sauvé et écrasé l’orgueil ennemi qui voulait nous réduire en servitude. Ils ont transmis aux générations futures l’immortalité de leurs gestes et de leurs noms…
L’émotion et les larmes ont gagné l’auditoire. Lentement Monsieur le Chamoine Allois, archiprêtre de Vierzon, s’avance vers la plaque auguste. L’immense assistance se tourne cers le monument. On chante le Psaume des Disparus, de Bellouard et de De Profundis liturgique. Les prières de l’Eglise sanctifient le tableau de marbre que tout le monde regarde, comme pour vouloir l’aimer davantage encore, comme pour se pencher plus intimement encore sur le visage glorieux des morts qui nous ont sauvés…
La cérémonie est terminée.
Des voix suaves répètent le « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie. .. »
Une belle manifestation d’union sacrée s’est déroulée à Massay, le 14 mars.
Que les initiateurs et acteurs en soient remerciés.
Source: Le Petit Berrichon du 27 mars 1926 Transcription Monumentsducher1418