Inauguration...
Dimanche dernier a été inauguré le monument élevé par la municipalité de Sainte Solange à la mémoire des enfants de la commune, morts pendant la grande guerre 1914-1918.
Ce fut une belle et imposante manifestation dont le succès fait honneur à la municipalité et aux différentes sociétés qui y ont pris part. Plus de 500 personnes y assistaient.
A une heure et demi, tout le monde fidèle au rendez vous fixé par M. le maire, se réunissait sur la place de la Mairie où devait s’organiser le cortège.
A deux heures exactement, le défilé partait pour se rendre au Monument érigé sur une petite place publique, à côté de l’église. Ce fut tout le long du parcours un spectacle impressionnant, plein de grandeur et de recueillement.
En tête du cortège, derrière les tambours et clairons, le drapeau de la classe 1912 (souvenir qui sera pieusement conservé), porté par un Vétéran de 1870, décoré de la médaille d’honneur des sapeurs pompiers. Puis viennent, dans un ordre parfait, avec leurs palmes et leurs couronnes, les mutilés, les orphelins de la guerre, encadrés par les enfants des écoles et leurs maîtres, les frères et sœurs des morts au champ d’honneur portant de superbes couronnes de fleurs naturelles offertes par les enfants de la commune et par les poilus ; le conseil municipal, les vétérans de 1870 encadrés par les pompiers ; les veuves de guerre, les parents des morts, la société de secours mutuels ‘La fraternelle » encadrés par les poilus. Puis enfin la population nombreuse sui, recueillie :
A l’arrivée au monument, le drapeau se place à droite avec sa garde d’honneur, puis les Orphélins de la guerre, à gauche. En avant les porteurs de palmes, de couronnes, de gerbes de fleurs qui sont en grande partie des Pupilles de la Nation : les autorités se massent derrière avec les veuves de guerre, les parents des morts, les vétérans, les membres de la société de secours mutuels encadrés par les enfants, les jeunes gens et les poilus.
Après une allocution prononcée par M. l’abbé Simon, curé de la paroisse, M. Ardonceau, maire, s’avance, dépose la palme de la municipalité en signe de reconnaissance à nos héros, qui celle des Poilus, et enfin la couronne des enfants de reconnaissance à nos sauveurs est également offerte par la Fraternelle. Les palmes, les couronnes et la plaque sont accrochées immédiatement au monument par le Maire, et en rehaussent l’éclat, les gerbes de fleures paturelles sont déposées sur le socle ; les pupilles et les enfants des écoles défilent en saluant et en déposant leurs bouquets de violettes.
Le clairon sonne ensuite l’appel des noms de nos héros qui est fait par un sous lieutenant démobilisé et dont la voix imposante fait vibrer tous les cœurs. Les 39 noms inscrits sur le Monuments sont à leur tour appelés et 39 fois, un jeune sergent démobilisé du pays, répondit « Mort au champ d’honneur ». L’heure est grave et bien des yeux se mouillent de larmes.
L’appel terminé, c’est la série des discours qu’il serait trop long de reproduire. Tout d’abord, celui du conseiller d’arrondissement M. Brenet, qui glorifia les enfants tombés au champ d’honneur et ceux plus heureux qui revinrent dans leurs foyers.
M. Dupont, sous lieutenant démobilisé de la commune parlé ensuite sur le même sujet et fut très applaudi ; M. Mouillet, un jeune maréchal des Logis chef démobilisé prit lui aussi la parole pour adresser un souvenir ému aux anciens combattants.
M. le lieutenant Colonel Le Menestrel, délégué par le Général commandant le 8° Corps d’armée parla en dernier lieu. Son discours, dit simplement d’une voix grave et bien timbrée fut couvert d’applaudissements.
Les clairons sonnent ‘Aux champs’ puis un groupe de Membres de la Société de Secours Mutuels entonne l’hymne « Aux Morts pour la Patrie » de Victor Hugo.
La cérémonie se continue par les trois couplets de la Marseillaise, chantés par les enfants des Ecoles accompagnés par tous poilus.
Un vin d’honneur offert par tous les anciens combattants chez Mme Sotivet, veuve de guerre, a terminé la cérémonie.
Chacun gardera de cette bonne et belle journée un souvenir ineffaçable.
Source: La dépêche du Berry du 28 mars 1921. Transcription Monumentsducher1418