Inauguration...
Dimanche dernier, 17 septembre, la petite commune de Saint Georges de Poisieux inaugurait le monument élevé à la mémoire de ses enfants tombés au champ d'honneur. Cette cérémonie était présidée par M. le Sous-Préfet de Saint Amand. Le monument, simple stèle de pierre, ornée d'une palme et surmontée d'une croix de guerre, porte sur son socle les noms des héros de la commune gravés en lettre d'or. Il est élevé eut le terre plein qui borde la route de Saint Georges à Poisieux près de la Mairie et de l'église. Son élégante cimplicité est saisissante tant elle est en parfaite harmonie avec le cadre rustique de cette campagne tranquille aux horizons ondulés et verdoyants.
A dis heures fut célébré dans la petite église de Saint Georges un service solennel pour le repos de l'âme des soldats de la commune morts pour la France, les places avaient été réservées dans le choeur aux parents et aux amis des morts; derrière se tenaient M. le Sous-Préfet de Saint Amand en uniforme, M. le Maire et MM. les Conseillers municipaux de Saint Georges, les Mutilés, les Combattants et les Mobilisés de la commune.
Avant de chanter les dernières prières, M. le curé d'Arcomps salua respectueusement les autorités, retraça en termes élevés l'héroïque souffrance des martyrs de la guerre, exalta leur courage et leur sacrifice et prodigua aux parents angoissés les consolations de la Foi. Après l'absoute le cortège se dirigea sur la place toute baignée des rayons du soleil d'automne. M. le curé bénit le monument que M. Jacques Regnault, président de la commission remit à la municipalité. Le remarquable discours de M. J. Regnault, tout vibrant d'un patriotisme éclairé, fut prononcé d'une voix forte avec des accents où perçait l'émotion la plus sincère et la plus vive. M. le Maire remercia au nom des habitants de Saint Georges de Poisieux et, dans un langage qui lui venait du coeur, fit serment de garder fidèlement le souvenir des héros de la commune morts pour la plus noble des causes. M. le sous-préfet gravit ensuite les degrés qui conduisent de la route au pied même du monument et, dans une très heureuse improvisation, glorifia les vertus des paysans de France qui sacrifièrent leur vie par amour pour le sol sacré de leur Patrie. Il retraça, en un raccourci saisissant, les épreuves des poilus, tous confondus dans la mêlée, tous unis malgré la diversité de leurs conditions et de leurs opinions, dans une même souffrance, dans un même sacrifice et dans un même désir de concorde et de fraternité "Ecoutez la vois des morts! dit-il, et chassez de vos coeurs les haines fraticides qui ont failli conduire la France à sa perte. Restes unis dans la paix comme vos morts le furent durant la guerre pour faire selon leur volonté la France toujours plus grande et plus belle."
Ces paroles impressionnèrent vivement l'assistance, comme déjà par l'attitude si délicate de notre très sympathique Sous-Préfet qui donnait à tous avec tant d'amabilité et de bonne grâce, l'exemple de l'esprit de concorde, de liberté, de paix sociale et de sollicitude pour tous les citoyens, dont est actuellement animé le gouvernement de la République.
Il y a tout de même quelque chose de chargé dans notre pays et l'on y respire plus à l'aise. Et cela grâce à vous, braves petits soldats de France!
Après qu'il eut récité une fort belle poésie, un jeune homme de la commune dépose au pied du monument une superbe gerbe de fleurs des champs noué d'un ruban tricolore.
Puis ce fut l'émouvant appel des héros suivi de la réponse "mort pour la France" faite par un amputé d'un bras portant fièrement sur sa poitrine la médaille militaire et la croix de guerre. A ce moment extrêmement pathétique, des larmes coulèrent de bien des yeux, mais déjà vibrait dans l'air pur du matin les accents de la Marseillaise dont le chant, parfaitement exécuté par M. Edmond Pierre, clôtura cette belle cérémonie qui peut servir d'exemple, par son ordonnance parfaite et le recueillement des assistants, à toutes les communes de l'arrondissement qui veulent honorer dignement leurs morts.
Nul doute, qu'au déjeuner tout intime qui suivit, Monsieur le Sous-Préfet, n'ait senti vibrer à l'unisson du ? le coeur des braves gens de la commune de St-Georges si sincèrement attachés aux institutions républicaine.
Source: L'Echo du Cher du 24 septembre 1922. Transcription Monumentsducher1418