Inauguration (monument du bourg)...
Dimanche dernier, avait lieu sous la Présidence de M. le doyen de Dun, la bénédiction solennelle de beau et religieux monument érigé sur la grande place en souvenir des enfants de la paroisse, morts pour la France.
Le matin, à la messe dite par M. le curé de la paroisse, pour le repos des âmes de nos chers enfants, la vieille église ornée de drapeaux, étincelante de lumière avait peine à contenir la foule venant de toutes parts, et cette nombreuse phalange d’anciens combattants et d’hommes massés dans le chœur, qu’encadraient si bien, tout le conseil municipal, avec ses invités officiels, le conseil curial et plusieurs notables de la paroisse.
Au dire de tous, cette cérémonie fut vraiment magnifique.
Et les larmes coulent en silence, aux chants pieusement exécutés par le chœur des jeunes filles et la voix si pure d’une jeune soliste, qu’accompagnent les mains habiles.
A l’Evangile, après l’appel des soldats morts pour la France, M. le curé de Saint Denis de Palin, décoré de la Croix de Guerre parla dans une belle allocution de ces heures d’héroïsme et de mort, qu’il a vécues au milieu des soldats pendant quatre ans.
« C’est bien, dit-il ensuite de glorifier nos morts sur Terre, mais il faut aussi prier pour eux, pour qu’ils soient glorifiés dans le Ciel ». Et en prêtre toujours pénétré si parfaitement de son devoir, il termine par le respect et l’obéissance dus à notre Religion Sainte.
La messe finie toute l’assistance se rendit au cimetière. Qu’il était impressionnant de voir tous ces jeunes gens et tous ces hommes, en rangs serrés et parfaits suivre en silence le drapeau fièrement porté par un ancien sergent de Zouaves, la figure encore marquée de glorieuses cicatrices. Le clergé fermait la marche.
Après le chant du Libera le cortège revient dans le même ordre, se ranger sur la grande place autour du monument.
Alors M. le doyen de Dun sur Auron prend la parole. Dans un langage choisi, il félicite tous ceux qui ont travaillé à cette inoubliable journée puis il bénit solennellement le monument.
Quand il eût fini, M. le Maire, assisté du curé de la paroisse, déposa, au nom de tous, sur le tertre émaillé de mille fleurs, prés des noms chéris de nos morts, gravés sur la pierre, une belle couronne, tandis que les jeunes filles entonnent avec entrain du chant patriotique et religieux d’un bel effet.
A midi, un banquet réunit au Café du Nord, dignitaires et combattants et par une délicate et généreuse attention, la table du presbytère eut sa part au festin.
Le soir, eut lieu l’inauguration proprement dire, sous la présidence de M. Massé, notre sympathique conseiller général, au milieu d’une assistance encore assez nombreuse, en dépit d’un malencontreux orage qui écourta la cérémonie.
Ont pris successivement la parole : M. Massé, qui rendit un noble hommage à nos morts, M. Abel Corbin de Mangoux, qui donna de sages et utiles conseils aux soldats de demain et aux jeunes enfants de l’école. Et enfin, M. le Maire qui très aimablement dit un merci à tous.
Heureux petit pays, où en dépit des préoccupations de l’heure présente, la Religion fait ici, depuis longtemps, l’union entre tous les cœurs.
Un assistant
Source: Le Petit berrichon du 24 octobre 1923. Transcription Monumentsducher1418