Discours de M. le maire
Mes chers amis,
Ce n’est pas sans une vive émotion que je prends la parole pour saluer nos morts glorieux dont ce monument doit éterniser le souvenir et pour remercier tous ceux qui ont contribué son érection.
Pourquoi faut-il des monuments pour penser à nos morts de la guerre ? Lourd souvenir serait il déjà effacé de nos cœur ? Non, il ne l’est pas et il ne le sera pas de longtemps, car longtemps encore nous parlerons d’eux, nous verrons leur place et le vide qu’ils dont dans nos foyers dans nos réunions, dans nos fêtes. Nous étions si heureux de les voir, ils étaient jeunes, ils étaient pleins d’entrain, et ils ne sont plus, ils sont restés là bas disséminés dans les champs du martyr et de la gloire. Beaucoup ne dormiront pas au champ de repos du pays natal, et je comprends que cela augmente encore le chagrin de leur famille. Qu’elles se consolent un peu en songeant qu’ils ont pour cimetière la France entière pour laquelle ils sont morts aux
Rappelons-nous ce testament de l’un d’eux ; « Je demande et telle est ma dernière volonté, qu’on ne pleure pas ma mort. Nous monterons nous autres morts, la garde éternelle, et notre souvenir rappellera aux vivants qu’on ne doit jamais désespérer. Il les empêchera aussi d’oublier que c’est de la poussière des morts qu’est faire la Patrie.
Ce souvenir nous le garderons et ce monument de pierre que le temps ne peut effriter redira à leurs frères plus fermes leurs noms et leur vaillance. Il est et il restera le monument du souvenir et de la reconnaissance. Oh ! La reconnaissance nous la leur devons pleine et entière. Ne craignons pas de le redire ; c’est à eux et à tous leurs compagnons d’armes de toutes les communes de France que nous devons d’être restés Français, d’avoir conservé notre petit coin de terre, que nous pouvons vivre heureux. Rappelons nous qu’en septembre 1914, rien ne semblait devoir arrêter les hordes barbares vouées pour toujours à la haine de l’humanité, et sans la victoire immortelle de la Marne Morlac airait connu les horreurs de l’occupation allemande. C’est une victoire que nos ennemis ne comprennent pas, et le général von Kluch ne nous a pas caché sa stupéfaction ; « Que des hommes, dit-il ayant reculé pendant dix jours que des hommes a demi morts de fatigue puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c’est la chose avec laquelle nous n’avons jamais appris à compter.
Mais nous les comprenons nous et nous savons que c’est à eux que nous devons la vrai victoire. Les morts l’on payés de leur sang ; ils doivent éternellement à l’honneur. En face de nos morts auxquels nous rendons en ce jour un immortel hommage, laissons le sermon solennel de suivre fidèlement la voie qu’ils nous ont tracée ; concorde travail sacrifice pour la grandeur de la France à laquelle ils ont tout donné.
Nous leur devons bien tout cela, nous le devons aussi à leurs malheureuses familles, dont nous ravivons aujourd’hui la douleur, nous la partageons tous et je traduis les sentiments de cette superbe assistance en disant ; nous pleurons, nous nous souvenons avec vous. Et maintenant je termine en interprétant les remerciements de tous. Ils vont d’abord à tous ceux qui ont contribué à l’érection de ce monument, à notre tailleur de pierre, à notre secrétaire de mairie, enfin à tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cette fête avec une mention particulière à nos anciens poilus.
Source: L'Avenir du Cher N°1904 du 30 mai 1921 Transcription Monumentsducher1418