Discours de M. Plaisant...
M. le député succède à M. le maire sur l’estrade et s’exprime ainsi.
Monsieur le maire,
Mesdames et Messieurs,
Ma première parole sera pour exprimer ma gratitude vis-à-vis de votre maire et la municipalité de Neuilly en Dun, qui m’ont favorisé de l’insigne horreur de présider cette cérémonie. Tout devait concourir à me rendre cher ce jour faste que vous avez consacré à la mémoire de nos héros ; cette partie de notre terroir berrichon à laquelle je suis si profondément attaché, le souvenir de nos soldats dont j’ai admiré le courage et l’abnégation, et jusqu’à cette incomparable lumière d’avril qui dit nos espoirs, et reste le symbole de notre éternelle jeunesse.
Oui, mes chers amis, en ce jour dédié au souvenir des morts pour la Patrie, il me plairait presque d’élever un chant d’allégresse, dans ma conviction de leur rendre les honneurs qui fussent agréables à leur pensée suprême et qui exprimassent tout l’orgueil qui nait de leur sublime sacrifice.
S’il est vrai que selon la parole du philosophe, la cité des hommes se compose d’autant de morts que de vivants, ne doivent-ils pas demeurer nos associés éternel, ces trépassés à la fois humbles et illustres, qui nous ont garanti tous les biens du monde, et la liberté, sans laquelle la vie ne serait qu’un souffle animal.
Ainsi, dans ce monument que vous avez dressé, tel le témoignage durable de votre reconnaissance aux enfants de Neuilly tombés pour la défense de notre sol, j’aime à voir, comme une stèle qui s’érige, non seulement pour proclamer la gloire de leurs gestes et de cette guerre féconde et vermeille de sanglantes moissons, mais encore pour exalter des vertus qui demeurent, à travers nos volontés périssables, la splendide parure des enfants de notre race, et par delà les misères et les ruines, le gage certain de la reconnaissance française.
Respectueusement incliné devant les noms de nos morts dont les cendres lointaines sont peut-être confondues dans les champs, j’évoque leur personne, j’interroge leur grande âme, je recueille leur leçon et, dans les jardins Elysées, ils disent ; « Ayez toujours confiance ; au milieu des pires épreuves de la campagne, étreints de la plus grande angoisse nous acons toujours cru dans les destinées de la Patrie et c’est pourquoi nous avons triomphé. Dans la paix vous avez à recueillir le triste héritage de la guerre. Gardez et honorez donc les vertus de la guerre, ces solides vertus qui composent une couronne de bronze sur le front des nôtres. Donnez l’élan ç ce courage qui emporte vers le succès les plus généreuses initiatives ; rappelez vous cette abnégation qui nous a fait durer dans la boue et dans le sang et qui est encore nécessaire aujourd’hui pour dominer les tentations dans l’infortune passagère, soyer opiniâtres dans la lutte ; devant la résistance des hommes et des choses faites vos âmes dures comme le soc des charrues quand il tend la terre, et ainsi votre énergie aura frayé le vaste et noble sillon où doivent germer les moissons nouvelles de la France et la République.
Source: L'Avenir du Cher du 18 avril 1920. Transcription Monumentsducher1418