Discours de M. Aupet...
Discours prononcé par M. Aupet, à l’inauguration du monument aux morts pour la Patrie :
Mesdames, Messieurs,
Le 2 août 1914 éclatait par toute la France comme un effrayant coup de tonnerre, cette terrible nouvelle : La guerre est déclarée : Les uns le jour même, d’autres le lendemain, d’autre encore quelques jours après, délaissant la famille, les travaux de la moisson, partaient, la chanson aux lèvres mais le cœur bien gros, pour revêtir cet habit militaire qu’ils ne devaient plus quitter pendant près de cinq ans.
Inutile, n’est ce pas, de retracer ici l’épopée héroïque ? Dans cette longue et si sanglante tragédie, il y eut tant d’acteur, tant de témoins, que la vision de l’infernale et grandiose tourmente, présente encore à tous les yeux, n’a pas besoin d’être évoquée.
Ils étaient partis, nos gars, vos fils, mesdames, vos époux, nos camarades, nos frères, en chantant pour se donner du cran et pour refouler vos larmes ; ils étaient partis, comme on part pour les grandes manœuvres, pour quelques semaines ! Hélas, les semaines furent des années et parmi toute cette belle jeunesse, force virile, espoir et vie de la Nation française, près de deux milliers d’hommes ne revinrent pas.
Ils dorment là bas, vers le Nord et vers l’Est, dans des charniers béants qui jonchent plaines et vallons, de l’Yser aux Vosges, beaucoup n’ayant pas même un cercueil pour abriter leurs os, quelques uns déchiquetés, pulvérisés, dispersés aux vents par le souffle maudit des obus acharnés après meurs dépouilles !
Mais laissons ces choses si tristes.
Héros, pour la plupart ignorés, n’ayant connu que l’amertume, l’âpreté des combats tout le cortège pesant des douleurs physiques et morales ils sont, pourtant les ouvriers de la Victoire !
Leur sang n’est pas perdu. Il fécondera l’avenir ! Et puisque nos chers morts n’ont pas été à l’honneur, puisqu’ils n’ont pu goûter les joies de l’apothéose, inclinons nous davantage, plus bas, sur leur tombe, et respectueusement, saluons leur mémoire !
Enfants d’Uzay le Venon, vous avez, largement, payé votre tribut à l’aveugle faucheuse : Beaucoup d’entre nous sont restés là bas : tout à l’heure, un de vos camarades, glorieux mutilé, va faire l’appel de vos noms. Que ces noms, gravés en nos cœurs !
Que votre histoire glorieuse se transmette de bouche en bouche, avec vénération, à travers les siècles car cette histoire est la plus belle, la plus noble entre toutes !
C’est grâce à vous, héros obscurs et magnifiques, que notre France si belle a pu conserver son nom ! Grâce à vous que nos libertés sacrées ont pu être sauvegardées, grâce à vous que nos moissons mûries sous notre beau soleil auront poussé pour les enfants de France ! Merci.
Morts sublimes ; gloire à vous !
Vive la France, vive la république !
Source: L'Avenir du Cher N1880 du 12 décembre 1920. Transcription Monumentsducher1418