Voici le discours prononcé par M. Painboeuf, maire de Vignoux.
Mesdames,
Messieurs,
Quatre années d’une guerre atroce, effroyable, d’une guerre sans précédent dans l’histoire des siècles, ont semé partout la terreur, le désastre, le deuil. Des ruines se sont entassées que les forces et le génie de l’homme ne pourront effacer que lentement ; des vides irréparables se sont creusés au sein de familles qui n’aspiraient qu’au bonheur de vivre et d’aimer.
Pendant quatre ans la mort régna sur nous en souveraine maîtresse. Sur terre et sous terre, sur met et dans les eaux, dans les airs, elle courait partout, partout on la respirait. Mort sournoise, aveugle, qui frappait sans remâche, chaque jour des deuils nouveaux, par centaines, par milliers, venaient s’ajouter aux deuils de la veille. Sue de vies, que d’existences fauchées en pleine jeunesse ! 1.500.000 morts dorment là-bas, des côtes de Flandre aux frontières de Suisse, dans les plaines de l’Yser, d’Artois, de Champagne, dans les monts des Vosges et d’Alsace, devant Verdun et sur les rives de la Marne. Et parmi ces héros, 43 sont des enfants de Vignoux sur Barangeon, qui ne seront point des oubliés.
Ils étaient partis comme tant d’autres, qui ne reverront plus leur foyer, entraînés par un élan sublime, pour repousser les hordes allemandes. Comme tant d’autres ils ont souffert vaillamment, connaissant le danger, le bravant toujours, ne reculant jamais. Ils ont accompli leur devoir jusqu’au bout, sans faiblesse, et ont donné généreusement leur sang pour que la France vive, plus belle, plus noble, plus glorieuse.
De tels héros ne sauraient être oubliés.
L’admiration la plus vive, la reconnaissance la plus profonde leur sont dues. De toutes parts le sol sacré de la Patrie se couvre de monuments du souvenir, monuments qui doivent perpétuer dans l’éternité la gloire de ceux sont ils portent les noms.
Notre commune ne pouvait manquer à son devoir impérieux et dans un élan de générosité dont he les remercie du plus profond de mon cœur les habitants de Vignoux ont tenu à commémorer, eux aussi, l’héroïsme de leurs morts dont ils conserveront à jamais la mémoire. Merci également aux personnes qui ont contribué à l’érection de ce monument et j’associe à leurs noms tous ceux qui ont bien voulu nous accompagner en ce jour. Que ce monument, trop modeste, peut-être soit pour tous, un symbole. Lorsque nous franchirons la porte de cette enceinte sacrée, venons nous incliner respectueusement devant ces pierres et méditons un instant. Engageons-nous à être dignes du sacrifice de nos héroïques enfants, à garder leur souvenir profondément gravé dans nos cœurs, à rester fort par notre union et à travailler dans la concorde à la grandeur d’une Patrie pour laquelle tant de sang généreux a été versé.
Parents si cruellement éprouvés, veuves éplorées, enfants qui avez perdu votre père et qui êtes devenus nos files, cessez un instant de pleurer : soyer fiers de vos chers disparus car leur héroïsme a entouré votre nom d’une auréole de gloire immortelle.
Morts de Vignoux sur Barangeon, je vous salue bien bas.
Honneur à vous ! Morts de la grande guerre, reposez en paix dans la récompense de l’au-delà que vous avez si bien méritée par votre sacrifice.
Gloire à notre France immortelle.
Gloire à ceux qui sont morts pour elle.
Source: La Dépêche du Berry du 7 mai 1922. Transcription Monumentsducher1418