Un projet...
Dimanche 29 juillet 1923
Cérémonie d’inauguration du monument élevé à la mémoire des Mobilisés de Givardon morts au cours de la Grande Guerre.
Programme de la journée
A 8h1/2. Messe à laquelle assistent 9 conseillers avec le drapeau ; les trois autres constituant la permanence établie pour la réception des invités.
A 10h. Visite aux tombes
A 11h. Inauguration du monument
A midi. Banquet de cent couverts servi par M. Demaillet – Chavalier
A 4h. Rafraîchissement et gâteaux aux dames, demoiselles et aux élèves des écoles.
Pavoisements.
Onze musiciens de la fanfare de Sancoins prêtent leur concours
La cérémonie s’est déroulée au milieu de magnifiques décors, et devant une foule nombreuse et recueillie.
Ont pris place à la tribune :
1° Le conseil municipal au grand complet composé de M. Chamignon Jacques, Maire ; M. Viau Charles, adjoint ; M. Delouche Gilbert ; Gagne Denis ; Bassot François ; Lagère Pierre ; Bayard Louis ; Civrais Jean ; Rabot René, Bernanrd François ; Chirade Jules et Chirade Jean, conseillers municipaux.
2° Les invités : M. Marcel Plaisant, député du Cher ; M. Remy Gestat, conseiller général du canton et président de l’assemblée départementale ; M. Delelis, Conseiller d’arrondissement ; M. de Maransange, conseiller général du Châtelet et propriétaire à Givardon, M. Soubret, agent voyer cantonal et architecte du monument.
3° Mlle Blanchard, directrice de l’école des filles et M. Auvigne, directeur de l’école des garçons, secrétaire de la mairie.
M. Soubret, architecte, prend le premier la parole, et en termes fort aimables, remet le monument à la municipalité.
M. le maire le remercie, puis le félicite pour l’œuvre simple, mais expressive, dont il a établi les plans et surveillé l’exécution.
Après le salut de bienvenue aux invités, vient la série des discours.
Celui du maire a pour objet principal, la mise en relief de la part de gloire revenant à Givardon dans la guerre mondiale.
Prennent ensuite successivement la parole MM. Delelis, de Maransange et Remy Gestat qui, tous les trois montrent la nécessité pour la France de « gagner la paix » et l’importance décisive qu’il faut attacher à l’exécution loyale par l’Allemagne, du traité qu’elle a signé, et auquel elle doit être tenue de se soumettre.
Enfin M. Marcel Plaisant, l’un de nos orateurs les plus appréciés dans la représentation du Cher, a glorifié avec son éloquence habituelle, le Poilu de France, en la mémoire des héros de Givardon, et terminé par une véhémente invocation au Coq de bronze qui surmonte le monument.
Tous les discours, et en particulier le dernier, sont vivement applaudis.
Les écoles, sous la conduite de leurs maîtres et maîtresses, prirent part à la cérémonie. Ils eurent leur place en avant du cortège. Le matin, les élèves de l’école des filles ont délicatement fleuri toutes les tombes des mobilisés inhumés dans le cimetière sans oublier les noms de ceux dont les dépouilles ne peuvent être ramenées dans la terre natale.
Aussitôt les discours terminés, l’école des garçons alla déposer une gerbe de fleurs au pied du monument.
La gerbe a été portée par le pupille de la nation Jasset Joseph pendant que : Louis Delouche, Dorléans Roger, Boudot Marcel et Périchon André ont prononcé les paroles suivantes avec beaucoup d’ensemble :
« Chers morts
Au nom de tous nos camarades de l’école des garçons nous déposons respectueusement ces fleurs à votre intention au pied du monument qui porte vos noms glorieux.
Elles vous diront que les petits écoliers de Givardon ne vous oublient pas, ne vous oublieront pas, vous aimeront toujours.
Nous avons appris à l’école, tout ce que nous devons de reconnaissance à nos Grands aînés, qui ont bien souffert, et sont morts, pour que nous vivons plus heureux.
Nous saurons travailler de toutes nos forces, pour devenir les dignes héritiers de vos grandes vertus, de votre courage, de votre gloire.
Et si un jour la patrie nous appel à notre tour, nous suivons pieusement l’exemple que vous nous avez donné, car, du fond de vos tombeaux, montera sans cesse vers nous, la grande vois du devoir.
Chers morts, nous vous saluons. »
Puis l’école tout entière dit l’hymne aux morts de Victor Hugo que l’assistance écouta dans le plus grand recueillement.
Ensuite eu lieu le défilé avec musique, et le cortège se disloqua au lieu fixé pour le banquet de cent couverts.
La plus parfaite harmonie ne cessa de régner pendant toute la durée du repas qui se termine par un toast du maire et un de M. Marcel Plaisant, qui dit tout le plaisir qu’il éprouve de se trouver au milieu de la population du bon accueil fait à tous les invités, et répondant à une phrase du toast de M. le maire exprimant l’espoir que la France, grâce à l’union de ses enfants, écarte lentement les brumes qui assombrissent son horizon et puisse apparaître dans tout son rayonnement.
M. Marcel Plaisant montre que l’Allemagne doit payer, parce qu’elle peut payer et que les alliés doivent exiger d’elle le respect du traité de Versailles.
Il termine par quelques paroles très aimables à l’adresse de M. Auvigne, directeur de l’école des garçons, qui a obtenu son admission à la retraite après un labeur de près de quarante années et adresse un salut à son successeur.
M. de Maransange, dit également quelques paroles très écoutées.
Enfin, M. Gestat, profite de cette réunion ou l’élément agricole donné pour appeler l’attention sur les avantages des syndicats agricoles. Sur la nécessité de se grouper pour l’amélioration des méthodes de culture l’emploi des machines nouvelles les conditions avantageuses offertes aux associations pour les engrais etc.
Il invite les intéressés à constituer au plus tôt, un comité d’étude qui prendra provisoirement la directive de cette affaire et établira les statuts à soumettre à la prochaine assemblée générale.
Un petit morceau de musique brillamment exécuté, indique la fin de cette délicieuse journée où chacun eut sa part d’une saine émotion, où la grande idée de Patrie, fit une fois de plus pour le bien commun, l’union de tous les cœurs.
Avant de nous quitter, nos invités sont allés dans pensée charmante, déposer au pied du monument aux morts, les gerbes de fleurs, gracieusement offertes à chacun d’eux, par les jeunes filles de la localité.
Source: Les archives départementales du Cher. -Texte de Monumentsducher1418