Inauguration...
On nous pris d’insérer :
Dimanche dernier eut lieu dans notre commune l’inauguration du monument élevé à la mémoire de ses enfants morts pour la France.
Une foule très nombreuse, venue de tous les points de la commune, et même des communes environnantes, assistait à cette cérémonie faite en souvenir et en l’honneur de la gloire immortelle de nos héros.
A 10h30 un service funèbre fut célébré dans notre petite église, et, après l’absoute, les délégations se rendirent en cortège au pied du monument élevé sur la place publique.
Ce monument, ou plutôt cette colonne, véritable petit chef d’œuvre de simplicité et de con goût, que nous devons au ciseau de notre compatriote Berthommier, de Coust, disparaissait complètement sous les couronnes et les fleurs.
Là, M. l’abbé Jahan venu tout exprès de Bourges, sut, en des termes éloquents, immortaliser le martyre et la gloire des 38 enfants de St Pierre, morts pour le Droit et la Liberté.
Puis M. Plandard, président du comité du monument, le remit à la municipalité en ces termes :
Monsieur le conseiller général,
Monsieur le maire,
Chers Concitoyens,
Ce n’est pas sans une profonde émotion que je prends la parole en ce lieu, au pied de ce monument du souvenir que la municipalité a élevé, grâce aux généreuses souscriptions des habitants, aux Enfants de la Commune Morts pour la France.
D’autres, plus autorisés que moi, ont décrit les souffrances morales et physiques du Poilu pendant cette longue Guerre, sa vie toute d’abnégation et de misères, sa mort héroïque et glorieuse.
Les poètes ont le champ libre pour magnifier comme il convient le souvenir immortel de nos admirables soldats et la Patrie reconnaissante n’aura garde de perpétuer leur mémoire au Panthéon, le temple national de nos gloires civiles et militaires.
Mais cet hommage que la France doit à ses enfants morts pour Elle, c’exclut pas le témoignage de reconnaissance que chaque petite Patrie, chaque commune doit plus particulièrement aux siens : Les morts pour la Patrie.
Ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.
La commune n’est t’elle pas en effet une grande famille et les déduits qui l’ont frappé n’ont-ils pas été ressentis par tous ses membres ? Comment ne pas élever un monument collectif à la mémoire des Enfants d’une même commune, alors que pendant plus de quatre années ces enfants se battaient côte à côte, partageaient les même espoirs, se réconfortaient mutuellement par l’échange des nouvelles reçues du Pays, de leur pays, où rien de ce qui touchait l’un deux n’était inconnu des autres.
La commune est le prolongement de la famille et il importait d’englober dans le même témoignage de reconnaissance tous les enfants qi l’avaient quittée le cœur plein d’enthousiasme et de foi et qui ne devaient plus u revenir !!!
Devant l’œuvre accomplie par nos héros, devant la sublimité de leur sacrifice, combien je me sens humble et petit ; et ce sentiment sera certainement ressenti par vous tous qui avez connu nos morts, qui les avez aimés, qui les avez pleurés !
Ce qu’ils ont fait est si beau, si noble, si grand qu’aucun monument de si formidables dimensions qu’il soit, n’est susceptible d’en donner l’impression, et, dans l’impossibilité om le sculpteur se trouve de créer une œuvre adéquate à l’œuvre de nos morts, n’était il pas plus simple de s’en tenir à la modeste colonne que vous avez devant vous.
Monsieur le maire, je vous le confie, ce monument du souvenir !! Les familles de nos morts pourront venir s’y recueillir et élever leur pensée vers celui qu’elles ont perdu.
Quant aux enfants de notre école, constamment ils l’auront devant les yeux. Il leur rappellera que trente huit de leurs aînés sont morts pour qu’ils restent libres.
Qu’il leur serve d’enseignement ! Quant leur raison commencera à s’ouvrir, qu’ils viennent méditer devant cette colonne ; l’ombre des martyrs qu’elle rappelle planera au dessus de leur tête ; elle leur dira qu’au jour où la Patrie s’est trouvée en danger tous ses fils se sont levés, et qu’après avoir dans un élan admirable, arrêté le flot qui menaçait de la submerger, patiemment, lentement, au prix d’efforts surhumains et de sacrifices sublimes, ils l’ont repoussé et assuré de triomphe du Droit ; ils puiseront à sa contemplation les principes de saine morale, d’esprit de sacrifice et d’abnégation qui fait les hommes forts, droits, prêt à toutes les épreuves dans l’intérêt d’un idéal et deviendront les dignes descendants des héros de la Grande Guerre.
En notre nom à tous je salue bien bas tous nos morts !!!
M. le maire prenant ensuite la parole, prononça le discours que nous reproduisons :
Mesdames, Messieurs, chers compatriotes,
Sans avoir été éprouvé aussi cruellement que nos départements de l’Est, mis à feu et à sang par l’infâme race boche, toute disposée encore à assouvir sa haine d’avoir été vaincue, nos populations du Centre, celle de notre commune de saint Pierre les Etieux comme les autres, ont fait largement leur devoir.
Non seulement de ces enfants appartenant à l’active, mais les pères de ces derniers, et tous les hommes valides en état de porter les armes, abandonnant ce qu’ils avaient de plus cher, ont quitté leurs foyer avec enthousiasme pour voler au secours de la Patrie en danger.
Plus de 200 hommes appartenant à toutes les classes composant la défense Nationale, ont été fournis par la commune, et pendant la plus meurtrière des guerres qui a duré plus de quatre années tous se sont dévoués courageusement.
Hélas, parmi ceux, trop peu nombreux qui sont revenus bien peu sont revenus indemnes, la plupart sont mutilés, à jamais ou ont contracté des maladies leur enlevant tout ou une partie de leur capacité de travail.
A ceux là la société de l’Etat doit une pension qui, tant forte soit elle, ne remédiera jamais aux facultés perdues.
Nous saluons bien bas et avec fierté ceux d’entre ces derniers qui assistent à l’inauguration de ce monument, en leur disant qu’ils peuvent compter que nous prendrons toujours une grande part à leur souffrances.
Enfin nous avons l’immense douleur de constater que 38 enfants de St Pierre les Etieux sont morts glorieusement sur les champs de bataille pour la défense de la Patrie, du droit et de la liberté.
A ces morts glorieux, non seulement nous, mais ceux qui nous suivront, garderont un souvenir éternel que ce monument sur lequel leurs noms sont gravés doit propager à travers les âges.
Ils ont sauvé la France, ils ont sauvé la république, que l’on ne doit jamais séparer.
Ils entrent ainsi, chefs et soldats réunis, dans la gloire, dans l’immortalité.
Vive à jamais la mémoire des braves enfants de la commune de Saint Pierre les Etieux, morts au champ d’honneur, pour la défense de la Patrie.
M. Martinet, conseiller général du Canton, que la municipalité avait invité à venir présider cette cérémonie et qui nous a fait le grand plaisir d’accepter, sous exprime sa reconnaissance en s’exprimant ainsi :
Mesdames, Messieurs,
Je faillirais au plus élémentaire des devoirs, si je n’adressais mes sincères remerciements à la municipalité qui m’a invité si aimablement à l’inauguration du monument élevé à la mémoire des enfants de Saint Pierre les Etieux morts pour la France.
J’en ai été d’autant plus touché, que si je suis ici dans mon pays, et que ceux dont nous glorifions la mémoire aujourd’hui m’étaient tous connus.
Chers enfants, vous, qui au printemps de la vie, avez tant souffert parfois, et sacrifié votre belle jeunesse pour nous assurer un avenir meilleur, votre souvenir demeurera immortel ; et votre héroïsme sublime guidera les générations futures dans le sentier du Droit et de la liberté.
En passant devant ce monument que la municipalité a eu l’heureuse idée de placer sur une place publique, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain s’inclineront bien bas.
Puissent leur admiration et leur reconnaissance alléger un peu la douleur de ceux que vous avez aimés et dont vous avez couvert le nom de gloire.
Héros de saint pierre les etieux ; dormez en paix ; nous ne vous oublierons jamais.
Vive la république du droit et de la liberté !
Enfin cette fête toute de respect et de recueillement, et qui a semblé commémorer, en la continuant, l’Union Sacrée, se termina par un banquet de 30 couverts où la plus franche cordialité et la plus parfaite union ont présidé.
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Source: L'Avenir du Cher N1867 le 12 octobre 1920. Transcription Monumentsducher1418