Inauguration...
Le 12 octobre dernier a eu lieu, à l’institution Sainte-Marie, à Bourges, la réunion de l’Association amicale des anciens élèves.
Après cinq ans de guerre, de souffrances et de deuils, il était naturel que cette fête fût consacrée à ceux qui étaient tombés pour la France, que ce fût la fête du Souvenir.
C’est pourquoi, à dix heures et demie, bien que ce fut un dimanche, par un indult spécial de Rome, fut chantée, dans la chapelle de l’Institution, une messe solennelle de Requiem pour tous les anciens élèves, morts pour la Patrie.
L’officiant était M. l’abbé Klien, ancien professeur de la Maison, ancien aumônier militaire, chevalier de la Légion d’honneur, assisté de deux anciens élèves, MM. Foucher et Villepelet, comme diacre et sous-diacre.
Mgr l’Archevêque, par une délicate attention, dont nous le remercions respectueusement, avait tenu à honorer ce service funèbre de sa présence. Les parents de nos chers disparus habitant la ville de Bourges avaient été invités à la cérémonie, que devait clôturer l’inauguration de la plaque commémorative de la guerre, apposée sur les murs de la chapelle. Cette plaque, en marbre noir, très simple, portant à son sommet la croix et au dessous une palme et une épée entrelacées, est d’un très bel effet. Près de 80 noms y sont hélas ! Inscrits. Et tandis que M. le Supérieur, d’une voie émue, qu’il voulait rendre forte, proclamait ces noms devant tous, nous ne pouvions nous empêcher de penser que ces jeunes gens, autrefois, étaient venus prier dans cette chapelle, que là ils avaient , d’un coeur pur, reçu leur Dieu au jour béni de leur première communion, et que maintenant, nous les anciens, nous devions aujourd’hui les pleurer et, dans cette même chapelle, les rappeler à la miséricorde divine ! Beaucoup avaient 20 ans ! La guerre a coupé dans sa tige la fleur, qui ne demandait qu’à s’ouvrir et à s’épanouir.
A midi, avait lieu le banquet. Mgr l’Archevêque le présidait. Près de 80 anciens élèves étaient autour de lui :jamais réunion n’avait été aussi nombreuse, jamais, peut-on dire elle n’avait été aussi jeune, car la grande majorité des anciens se composait des élèves sortis de l’Institution pendant la guerre, qui revenaient avec plaisir renouer connaissance avec les anciens professeurs démobilisés qu’ils avaient perdus de vue pendant cinq ans.
Au dessert, le président de l’Association, M. Louis Férasson, secrétaire général de la Banque de l’Afrique du Nord, se leva et, dans des termes élevés et choisis, il exhorta tous les anciens à acquérir l’esprit d’Association. Il nous faut d’abord nous rendre compte de l’importante de cette idée, et nous appliquer à la mettre en pratique. Nous réaliserons ainsi les buts qui nous intéressent personnellement ; bien plus nous travaillerons aussi à rendre toujours plus belle et plus glorieuse cette Mère, vers laquelle doivent tendre toutes nos aspirations et tous nos efforts : la France.
M. le Supérieur, qui parla ensuite, nous dit toute sa joie de revoir aussi nombreux aujourd’hui ses chers Anciens. Ils prouvent ainsi à l’Institution tout leur attachement et tout leur dévouement. Si la rentrée cette année, est magnifique, il faut leur en savoir gré, car on pouvait se rendre compte que certains nouveaux ont été conduits par eux, discrètement, mais efficacement, jusqu’au seuil de l’institution. On peut donc dire que celle-ci a un renouveau de vie par ses anciens élèves.
Mgr l’Archevêque clôture la série des discours. Ce fut un discours magistral. Il salue en commençant les dévouement qui se sont montrés pendant la guerre. Dévouement obscur du supérieur et des professeurs non mobilisés, qui à force de travail et de sacrifices, ont continué l’oeuvre de l’éducation chrétienne à Sainte-Marie ; dévouement des professeurs mobilisés, qui ont fait leur devoir sur le front ; dévouement glorieux des Anciens élèves qui, par leur mort héroïque, leurs blessures, leurs citations, ont payé leur tribut à la Patrie. Mais il s’agit maintenant d’établir la Paix sociale dans le monde ; C’est l’oeuvre de demain, œuvre grandiose, mais impossible si l’on ne place à sa base Dieu lui même. Qu’importent la Société des Nations, la force du pouvoir établi, si cette Société, si ce pouvoir ne commencent tous d’abord à s’incliner, devant l’Autorité Suprême, devant Dieu. C’est à cette œuvre que Monseigneur convie tous les Anciens de Ste-Marie, avec la confiance qu’ils feront régner autour d’eux la justice et le droit, qui ne sont que l’expression de la volonté divine.
En somme, belle et bonne journée qui donne confiance dans l’avenir de l’Assiciation, et qui est un gage de prospérité pour l’Institution Sainte-Marie.
Source: Le Journal du Cher du 10 octobre 1919 - - Transcription Monumentsducher1418