Inauguration...
Neuilly en sancerre. Inauguration du monument aux morts.
Lundi a eu lieu l'inauguration du monument aux morts. Le bourg de Neuilly tout entier était décoré de feuillages entremêlés de guirlandes de fleurs de l'effet le plus pittoresque. Une tribune ornée avec un goût parfait était installée devant la mairie, face au monument. A la suite du service religieux auquel assistaient, dans le chœur, le maire, M. Girardin et la très grande majorité des conseillers municipaux, entourés des familles des soldats morts pour la Patrie et des mutilés, la foule se rendit en procession au moment qui fut solennellement béni pas M. l'abbé Grelat, curé doyen de la paroisse.
A 11 heures, la municipalité recevait à la mairie M. le sous-préfet de Sancerre, M. le sénateur Mauger, M. le chef d’escadron Bellingard, représentant le général commandant le huitième corps; M. Fouchard, conseiller général; M. Maupin, conseiller général, M. Guillemain, conseiller d'arrondissement, qui avaient tenu à honorer la cérémonie de leur présence.
Après un banquet particulièrement succulent et bien servi à l'hôtel Talbot, eut lieu l'inauguration du monument au milieu d'une très nombreuse assistance.
Le colonel de Rancourt, conseiller municipal et président du comité chargé de l'érection du monument, prononça un discours dont nous extrayons ces passages:
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Maire a voulu que les premières paroles prononcées auprès du monument élevé à nos soldats, fussent des paroles de soldats, Je l'en remercie.
C'est qu'en effet, pour nous, vieux chefs de troupe, qui avons vécu la vie du soldat et qui savons jusqu'où peuvent aller sa bravoure et son abnégation, pour nous qui avons vus vos enfants gaiement, insoucieux, marcher sur les routes qui menaient à la bataille, pour nous qui les avons vus graves et recueillis, mais résolus et sans faiblesse s'élancer à l'assaut et à la mort; pour nous qui les avons vus tomber pantelants sans jamais se plaindre, envoyant toujours dans l'ultime détresse leur dernier souvenir à vous les mères, les femmes et les sœurs; Ce sont aussi un peu nos enfants, en rappelant leur souvenir, notre émotion est mêlée de tendresse et votre douleur est la nôtre..
Après un résumé des quatre années de guerre, de l'effort formidable fait pas la France, et de l'épopée victorieuse qui a précédé l'armistice, il termine ainsi:
Ce triomphe , si chèrement acheté, c'est à vous que nous le devons, mes chers petits camarades, à vous et à tous ceux qui, par milliers et par centaine de milliers, des côtés de la mer du Nord aux rives du Bosphore, sont tombés pour la plus sainte des causes, le salut de la France et la liberté du monde.
C'est sur votre sang vermeil et sur les larmes de vos mères que s'est épanouie la Victoire.
C'est grâce à vous que la France vit, c'est grâce à vous qu'elle poursuivra, à travers les âges, le cours de ses immortelles destinées. Nous ne vous aurons jamais assez de reconnaissance.
La commune de Neuilly a voulu que vos noms glorieux, gravés sur cette pierre restent, pour nos enfants et nos petits-enfants, le synonyme du devoir, le symbole de l’honneur, le plus bel exemple du sacrifice accompli sans faiblesse.
Car c'est pour vous que chantent ces beaux vers d'un poète de notre Berry, trop modeste et trop ignoré:
"Tout passe et se recommence,
Nature, nous avez déjà,
Recouvert de nos fleurs de France,
Ceux qui, pour nous, sont tombés là,
Les moissons reviendrons vermeilles,
Les cœurs brisés s'endormiront,
Les chansons berceront pareilles,
Les nouveaux nés qui nous viendront.
Car ceux qui ont fait la Victoire,
Qu'ils soient revenus ou restés,
Endormis, couchés dans leur gloire,
Fiers conquérants d'éternité",
Ont accepté ce sacrifice,
Pour que vivent en paix leurs fils,
Pour que la vigne refleurisse,
Pour que reviennent les avrils,
Pour que la grange soit encore pleine,
Du blé doré de nos sillons,
Pour que l'Alsace et la Lorraine,
Fassent en France leurs moissons."
M. le maire répond en remerciant les autorités, les organisateurs de la fête et toutes la population. Son discours fut suivi de l'appel des morts faits par le lieutenant de réserve Talbot et rendu par le sergent Chanteau.
D'autres discours patriotique et éloquents, dont nous n'avons malheureusement pu avoir le texte, prononcés par MM. Fouchard et Mauger, par le commandant Bellingard et par M. le sous-préfet de Sancerre, à la gloire de nos poilus, furent entremêlés de chants remarquablement exécutés par le chœur des jeunes filles de Neuilly, dirigé par M. l'instituteur Balland, et d'une très belle poésie dite par l'une d'elles d'une façon magistrale.
En résumé, très belle fête d'union sacré et d'émotion recueillie pour nos glorieux morts.
Source: Le Journal du Cher du 10 juin 1922. Transciption Monumentsducher1418