Inauguration...
C’est par une des plus belles matinées dont Octobre puisse nous faire présent, qu’eut lieu, Dimanche, la cérémonie d’inauguration du Monument aux Morts.
Le soleil, ce merveilleux enchanteur, allumait les ors roux des marronniers de l’Avenue de la République et mettait un je ne sais quoi de vivant, une auréole magnifique que la belle œuvre de M. Popineau, en laquelle, harmonieusement, s’unissent le cœur du poète et l’âme du sculpteur.
La gloire, aux ailes éployées, comme, comme le fier poilu au mâle visage étaient tout resplendissant de rayons. La berrichonne éplorée était, elle-même, baignée d’une clarté lumineuse ; et de la pierre, comme de toute chose, s’exaltait cette atmosphère des grands jours, cette sorte d’ambiance émue en laquelle on sent passer l’âme de ceux dont ont évoque le souvenir.
Vers 9 h 1/2 du matin, le cortège se forme sur le coeur Fleurus. La marche est ouverte par la compagnie des sapeurs pompiers conduite par le lieutenant M. Raffault et le sous-lieutenant, M. Pierre Tissier. Viennent ensuite les enfants de toutes les écoles de la ville ; on estime leur nombre à près d’un millier. Conduits pas leurs maîtres et maîtresses, les enfants portent à brassées, des fleurs ; symbole de leur pieux souvenir à la mémoire des héros qui ne sont plus. Puis, c’est l’Union Musicale au grand complet, qui défile.
Ensuite on remarque un groupe des père et mère des soldats tombés au front.
Puis l’Union des anciens combattants et mobilisés, l’Union des anciens prisonniers de guerre, les vétérans de 1870, etc, etc.
Bannière et drapeaux sont déployés dans le cortège qui emprunte le cours Fleurus, la Place Mutin et la rue Nationale, puis arrive au monument. Des mâts tricolores, décorés de drapeaux et d’oriflammes, supportent de lourdes guirlandes de lierre qui entourent la petite place formée par le croisement des routes et l’élargissement de l’Avenue.
Les lauriers et un parterre de fleurs décorent le socle du monument.
Disons en passant qu’il y a lieu de féliciter la maison Plisson qui avec son goût parfait a su donner à la décoration un caractère en plein accord avec la cérémonie qu’elle devait accompagner.
Il est 10 heures environ quand le cortège arrive au monument après avoir défilé entre deux haies d’assistants. Tous Saint-Amand est présent, mais grâce au service d’ordre très bien organisé par M. Amat, commissaire de police, l’itinéraire prévu fut suivi sans difficulté.
Dès l’arrivée chacun s’installe aux emplacements réservés. On remarque dans l’assistance, M. le Préfet du Cher ; M. le sous-préfet de Saint-Amand ; M. le Général Desvoyes représentant le Général Janin commandant le 8° Corps d’armée ; MM. Pajot et Mauger sénateurs ; MM. Valude, Plaisant, Laudier et Dubois députés ; M. Barrat, maire de Saint-Amand accompagné des adjoints et du Conseil Municipal ; MM. Les Conseillers généraux et d’arrondissement de la région, un grand nombre de maires des environs ; MM. Le Commandant et le Capitaine de gendarmerie, MM. Les membres du Tribunal ; M. l’inspecteur d’enseignement primaire, tous les membres de l’enseignement etc, etc.
Les enfants déposent les fleurs autour du socle du monument près des tables de marre où sont gravés en lettre d’or, les noms des 228 Saint-Amandois tombés pour le pays ; puis l’Union Musicale dans un pieux recueillement exécute d’une façon parfaite la célèbre Marche funèbre d’Halet de Berlioz. M. Barrat au nom de la Municipalité dépose une palme en bronze ; puis les clairons sonnent Aux Champs tandis que toute la foule, émue se découvre.
Les élèves de l’École Supérieure, chantent alors, avec beaucoup d’âme L’Hymne aux Morts pour la Patrie. Puis M. Barrat, maire, prend la parole au nom de la Municipalité, M. le général Desvoyes parle ensuite au nom de l’Armée ; MM. Pajot, Mauger, Valude, Dubois, Plaisant au nom du peuple et M. Daniel, comme président des vétérans.
M. le Préfet, au nom du gouvernement de a République, vient s’associer à ce pieux hommage.
Et l’Union Musicale joue alors la Marseillaise, tandis que tous les assistants émus quittent le lieu de la cérémonie.
A midi, un banquet, servi salle Margis, réunissait toutes les notabilités, les représentants du gouvernement, les présidents des associations républicaines, la presse et nombre d’assistants.
On comptait 150 couverts environ. Le menu, servi par M. Pierre Edmond, était des plus copieux et des mieux exécutés. A signaler au dessert l’incomparable « Un Fournier » qui fut dégusté comme il convient.
A l’heure des toasts, après quelques paroles de M. le Préfet qui en une très éloquente improvisation rappelle la carrière de la France dans la défense du droit et termine en traduisant le désir de paix du Gouvernement de la République, M. Barrat, maire, remercie les assistants. Puis M. Laudier, député-Maire de Bourges, prend la parole, suivi par M. Valude qui, au nom de la représentation du Cher termine en adressant aux Morts, un nouvel et pieux hommage, et aux vivants des paroles vibrantes et fortes, disant son espoir en l’avenir, malgré les vents de tempête qui massent parfois des nuages aux marches des Nations.
Il nous est impossible de reproduire, de mémoire, et nos lecteurs nous en excuseront, tous les discours qui ont été prononcés au cours de cette inoubliable cérémonie. Nous somme heures, cependant, d’offrir à nos lecteur le seul discours qui nous parvient, celui de M. Marcel Plaisant.
Source: L'Avenir du Cher du 22 octobre 1922. Transcription Monumentsducher1418