Inauguration...
Par une belle journée de messidor, sous un chaud soleil qui va favoriser la rentrée des moissons magnifiques, dont les premières gerbes sont tombées sous la dent des moissonneuses, la population des deux communes de Sancergues et Saint Martin des Champs a inauguré le monument élevé à la mémoire de ceux de leurs enfants qui, partis, en 1914, par une journée semblable, ne sont pas revenus.
Sancergues et Saint Martin, dont les agglomérations principales se touchent, ont eu la bonne inspiration de s’entendre pour élever un monument à leurs morts de la guerre. Une souscription publique, faite parmi la population de deux communes, produisit une somme de 3.000 francs environ ; le conseil municipal de Sancergues vota une subvention de 1.000 francs ; celui de saint martin des Champs, une subvention de 2.000 francs, fourni par l’hôpital de convalescents qui fonctionna à Sancergues durant la guerre, compléta, à quelque centaines de francs près, la somme nécessaire à l’édification du monument.
Celui-ci a été élevé sur la petite place située derrière l’église. Très simplement conçu, il se compose d’une stèle quadrangulaire portant, appliquée sur sa face, une couronne de lauriers, en bronze, sur laquelle sont gravés les mots ; « Pro Patria. »
Sur les deux côtés latéraux du soubassement, les noms des héros sont gravés en lettre d’or.
D’un côté, ceux de Sancergues, dont voici la liste :
Ardoneau Eugène, Arnoux JB, Barrault JB, Biangnet Gustave, Biaugnet Louis, Bienvenu Henri, Bonnefoi Marcel, Bonnet Pierre, Borderon Louis, Boyer Rolland, Carroger Louis, Champault Jules, Crevaut Célestin, Clavier Alexandre, Clavier Célestin, Debrade Marcel, Dubaucheron Georges, Debaucheron Albert, Delaunay Charles, Dussot Louis, Fontaine Joseph, Gabot Alexandre, Goux Pierre, Goux Ernest, Goux Julien, Lacroix Lucien, Legaut François, Lhonneur Désiré, Léveque François, Mignardot Marcel, Picard Paul Emile, Picard Paulin, Rigault Eugène, Roger Lucien, Roger Eugène, Roux Hippolyte, Suard Emile, Taillandier, Louis Eugène, Thiault Paulin, Violette Lucien, Perrot Théodule.
De l’autre côté, ceux de saint martin des champs dont l’énumération suit :
Nourry Louis, Fargeau Auguste, Picard Paulin, Picard Louis, Policard François, Debene Lucien, Debene Prosper, Marsault Jules, Javelle Abel, Chevalier Léon, Gitton Paul, Gitton Paulin, Racnoeur Vincent, Jallot Louis, Bonnegrand Louis, Denuet Charles, Gauville Lucien, Corté Benjamin, Quinault Emile, Poller Henri, Barthelemy Aug. Valat Jean Louis, Valat Henri, frebault Maurice.
A l’occasion de cette inauguration, M. l’abbé V. Feignon, curé doyen de Sancergues, a célébré dimanche matin, à 10 heures, un service funèbre, à la mémoire des enfants des deux paroisses morts pour la France. Une nombreuse population a assisté à cette cérémonie au cours de laquelle M. l’abbé Feignon à prononcé un émouvant discours et la Fanfare « Les enfants de la Vauvise » a exécuté un morceau de circonstance.
A midi, selon que l’indiquait le programme de la journée, un banquet par souscription a eu lieu à l’hôtel de l’espérance. Une cinquantaine de convives ont fait honneur à l’excellent menu préparé par le maître d’hôtel. Au nombre des convives figuraient : M. Trompat, maire de Sancergues, M. Mauger, sénateur, M. Plaisant, député, M. Priot, conseiller général, M. Policard, conseiller d’arrondissement, M. Bonnet, agent voyer, M. Leger, directeur d’école, M. Maupertuis, juge de paix, M. Souchat, receveur d’enregistrement, M. le brigadier de gendarmerie ; plusieurs municipaux de Sancergues et saint martin, des représentant des municipalités des environs, des anciens combattants ou P.G. etc etc.
Au dessert, M. Plaisant prend la parole, il adressa ses remerciements à la municipalité de Sancergues et se dit heureux de cette occasion de se rencontrer avec ses mandants.
Les heures sont gravés, dit-il, et ce serait un grand réconfort pour les élus de sentir davantage les électeurs avec eux. La France républicaine a aujourd’hui à se défendre non seulement contre des adversaires qui refusent de payer leurs dettes, mais aussi contre des alliés qui ont oublient tout ce que les Français ont donné pour la cause de l’humanité. Il est étrange que l’Angleterre veuille donner des leçons à la France, champion du droit de l’homme et de l’humanité. Ne serait-ce pas plutôt que la France a fait montre vis-à-vis de ses ennemis d’hier de trop de longanimit2 ; Ne somme nous pas les banquiers de l’Allemagne à qui nous avons avancé plus de 100 milliards pour les réparations alors que dans le Nord, ont voit encore de nos malheureux compatriotes loger dans des niches à chien.
M. Plaisant termine en disant qu’il est convaincu que le sentiment unanime de tous les français est de s’unir pour ne pas se laisser ravir leur indépendance dont sent jaloux les autres peuples et que tous ses efforts tendront, en toutes circonstances, à protéger le travail laborieux du paysan afin que vive la plus grande France et que prospère la plus large et la plus belle république.
M. Mauger, qui se lève ensuite, parle également des difficultés que rencontre la France dans l’exécution du traité de paix, difficultés qui proviennent en partie de ses alliés lesquels, après la victoire, n’ont vu, dans celle-ci, qu’une occasion de tirer profit de la situation. C’est sur nous tous que nous devons compter pour sortir de ces difficultés. Sachons maintenir notre moral à la hauteur des circonstances actuelles et après avoir gagné la guerre nous saurons gagner la paix.
A 3 heures et demie, un cortège se forme à la mairie et, précédé des enfants des écoles, porteurs de bouquets, se rend au lieu du monument. Aux personnages officiels déjà présents sont venus se joindre MM. Valude, et Laudier, députés.
M. Fromion, au nom de la fédération nationale des anciens prisonniers de guerre, vient ensuite s’incliner devant le monument « Symbole de la reconnaissance du pays envers ses enfants » Dans son discours, M. Fromion fait appel aux anciens combattants pour que se continué entre eux l’union et l’entente qui ont permis la victoire et pour que soient sauvegardés les droits de ceux qui, en perdant leurs enfants à la guerre, ont tant perdu. Il termine en adressant un souvenir à ceux qui dorment en terre étrangère et dont la pensée restera toujours gravée dans nos cœurs.
M. Fromion, président et M. Bonnet, vice président des A.P.G. déposent une belle palme en bronze portant cette inscription : « ceux qui n’oublient pas. »
MM. Valude, Plaisant, Laudier et Mauger prennent ensuite successivement la parole pour rendre hommage en quelques mots aux héros dont on célèbre aujourd’hui la mémoire. Les orateurs, chacun avec le tempérament particulier qui le caractérise, magnifient le courage et la grandeur de ceux qui ont sacrifié leur vis pour la France et l’humanité, et font appel à tous pour que ceux là, qui ont gagné la guerre « voient avec bonheur, la haut, dans l’au-delà. » comme le dit notamment M. Mauger « que nous nous efforçons de conquérir la paix. »
Il faut croire, hélas, que cette paix est bien peu sûre, bien peu solidement assise, pour que, ,dans tous les discours qui sont prononcés par des ministres de des parlementaires, il soit constamment fait appel à l’union et aux efforts de tous les citoyens pour le maintenir.
Après ces discours, les enfants des écoles récitent des strophes et font entendre des chœurs patriotiques.
La cérémonie prend fin par l’exécution de la Marseillaise par la fanfare. Le cortège se reforme et se rend à la mairie où a lieu la dislocation.
En présence des autorités, il a été procédé à ce monument à la remise diplômes du certificat d’études aux élèves de la commune qui ont passé cet examen avec succès.
Ainsi prit fin cette journée qui laissera à tous un souvenir ému.
Source: La semaine berrichonne du 28 juillet 1922. Transcription Monumentsducher1418