Discours de M. Louis Pillivuyt
Président du Comité du Monument
Monsieur le Préfet,
Mon colonel,
Monsieur le Maire de Mehun sur Yèvre,
Mdesdames,
Messieurs et chers Camarades Vétérans de 1870-1871,
Appelé à la présidence du Comité chargé d’élever dans le cimetière un Monument à la mémoire des Enfants de notre commune morts pour la France durant la terrible guerre de 1914-1918, il me revient le grand honneur de prendre la parole en ce jour d’inauguration.
Cette journée était attendue avec une impatience bien légitime tellement la population entière de notre ville avait à coeur d’apporter à nos héros l’hommage de leur admiration et de leur reconnaissance éternelle. C’est avec une vive émotion que je constate autour de nous l’affluence de parents et amis qui ont tenu à assister à cette manifestation.
Je remercie Monsieur le Préfet, mon Colonel, ainsi que les Membres du Parlement et toutes les autorités de nous faire en ce jour l’honneur de leur présence ; je remercie tout particulièrement Monsieur le Maire de Mehun et son Conseil Municipal de l’appui moral et financier qu’il nous ont donné. J’adresse également nombreux souscripteurs pour les dons généreux qu’ils nous ont faits. Dans tous les remerciements que j’ai le devoir d’exprimer, il en est que je ne veux pas oublier, ce sont à Monsieur Maquaire auteur du projet adopté du Monument, à ses collaborateurs, Monsieur Robert, maître dans l’art du fer forgé, Monsieur Monganast, artiste peintre décorateur, Monsieur Jouanet, sculpteur, Monsieur Chantellat, agent voyer qui a bien voulu se charger de diriger les travaux d’érection du Monument que nous avons le plaisir de vous présenter aujourd’hui.
Notre ami Monsieur Alphonse Lamarre, dont les sentiments d’ardent patriote sont bien connus, nous a également présenté un projet de Monument ayant un caractère artistique d’une grande valeur, le Comité tient à lui en exprimer sa profonde reconnaissance.
Monsieur le Maire de Mehun sur Yèvre,
Au nom du Comité chargé de l’Erection du Monument que le Conseil Municipal de Mehun a décidé dans sa séance du 10 août 1918, d’élever aux enfants de Mehun morts pour la France dans la grande guerre de 1914-1918, j’ai l’honneur de vous faire la remise et de demander aux Municipalités présentes et futures d’en assurer l’entretien et la conservation, afin de perpétuer dans les générations à venir le culte des héros que nous venons glorifier aujourd’hui en présence de toute la population de notre ville et des autorités qui ont bien voulu se joindre à nous en cette circonstance solennelle.
Tous ceux-ci présents ont le coeur oppressé et les larmes dans les yeux à la pensée de ces héros morts pour la Patrie, à la pensée de nos soldats mutilés en prenant part à sa défense et au souvenir des dangers, souffrances et privations que les Combattants ont supportés si vaillamment pendant toute la durée de cette longue guerre dans les tranchées et sur le front. Nous leur en témoignons à tous une pieuse et éternelle reconnaissance ; nous adressons aux parents si douloureusement éprouvés nos bien sincères et sympathiques condoléances.
Chers enfants,
Vous allez entendre les noms de tous nos héros « Morts pour la France », je vous demande de les conserver gravés dans votre mémoire et dans votre coeur comme ils le sont sur ces tablettes de marbre.
Ce monument doit perpétuer parmi les jeunes générations l’exemple de la conduite héroïque de vos aînés, il doit aussi aider à conserver le souvenir éternel des magnifiques sentiments qui se sont manifestés dans toute la France à l’occasion de cette cruelle guerre. Vous vous rappelez avec quelle dignité et quel courage nos soldats se sont rendus à la mobilisation aussitôt la guerre déclarée ! Dès ce moment un souffle de bienveillance a éclaté entre tous les Français, tous ceux de l’arrière s’ingéniaient à se rendre utile et à envoyer des secours de toutes natures aux combattants ; sur le front la bienveillance s’est également manifesté entre les officiers et soldats par la cordialité et la confiance existant entre eux.
Elle était sans le coeur de tous et nous a conduit tout naturellement à l’Union Sacrée qui a rendu tant de services pendant la guerre ; elle a glorieusement contribué par son rôle bienfaisant à nous faire gagner la Victoire, souhaitons maintenant qu’elle nous fasse gagner une bonne et longue Paix !
Nous sommes un peuple pacifique qui ne demande que la paix, mais n’oublions pas que nous avons comme voisin une nation qui ne pardonne pas notre Victoire et qui ne l’admet pas ; dès maintenant elle élève ses enfants dans l’esprit d’une revanche avec le sacret désir de nous écraser définitivement ; ne soyons pas provocants, mais tenons-nous prêts !
Je termine, chers enfants, en vous demandant de venir dans vos jours de congé faire un pieux pèlerinage devant notre Monument et après vous y être recueillies quelques instants, vous en reviendrez en vous disant « je ferai comme eux ! »
Vive notre France que nous voulons toujours plus belle et vive notre glorieuse armée.
Source: La Dépêche du Berry de 1921. Transcription Monumentsducher1418