Discours de M. Pinault
Président de l’A.G.M.G.
Monsieur le Conseiller général,
M. le Maire,
Mesdames,
Messieurs,
Au nom de l’A.G.M.G., section de Saint-Florent je viens vous apporter, en ce lieu de recueillement, à vous les veuves, les orphelins, et enfin à vous les pères et mères qui avez aillé quelqu’un des vôtre là-bas sur les champs de bataille et dont les noms sont inscrits ici sur ce monument, l’assurance de nos sincères condoléances.
A vous les morts les héros obscurs, vous qui avez connu que la mort qui nous a frappés à la fleur de l’âge, au début de la vie, vous qui êtes partis sans souci du lendemain, laissant derrière vous le deuil et la misère, nous venons aujourd’hui vous renouveler notre entière reconnaissance pour la vie que vous avez donné en sauvant la France.
Si dans l’éternité il nous était possible de nous voir et de nous entendre vous nous verriez et entendriez pleurer là au pied de ce monument.
O mort cruelle, mort, chose obscure, chose sourde, chose mystérieuse qui vous a frappés et a fait d’un être plein de vie et de santé une loque froide sur laquelle nous pleurons et pensons aujourd’hui. Vous, nos chers morts, vous procurez à ceux qui restent, un but pour diriger leurs peines leurs larmes, vous leur procurez un bien qui les attire instinctivement. Mais vous, là-bas, qui êtes tombés dans l’immensité de la plaine ou dans les profondeurs des bois, où le soleil n’ira peut-être jamais réchauffer cos os blanchis par le temps cous autres là-bas qui reposez près d’un chemin, sur le bord d’un fossé, sous l’humble croix de bois sans nom, qui ira vous pleurer et fleurir l’endroit perdu qui vous sert de tombe ? Ce seront les enfants, vous mes petits, enfants de la France, qui perpétueront à jamais le doux souvenir de ceux qui les ont fait des citoyens français libres et égaux.
C’est à vous, les morts, dont l’héroïsme, le dévouement, le sacrifice, l’élan qui vous portait vers la fin de cette terrible guerre, que nous n’aurez pas vue, c’est à vous, que seront nos paroles de reconnaissance.
A vous tous, les veuves, les orphelins, les pères et mères qui aviez des espérances dans le retour de l’absent, touchés par une grosse désillusion, nous vous adressons, comme bien maigre compensation, l’assurance de notre souvenir et de nos sincères et très respectueuses condoléances.
A vous enfin, mes camarades, mutilés et combattants à qui le devoir d’entretenir ce pieux pèlerinage a été confié, je vous adresse mes sentiments les plus respectueux et dévoués, car ce moment vous rappellera le sacrifice du sang de tous ces héros qui firent la France Immortelle.
Source: La Dépêche du Berry 30 novembre 1922. Transcription Monumentsducher1418