Discours prononcé par M. Marcel Plaisant.
Monsieur le Maire ;
Mesdames,
Messieurs
En ce jour où vous avez entendu célébrer la Gloire immortelle des enfants de Sancoins morts pour la Patrie, il vous a plus de réunir dans un fréquent auditoire vos élus et vos Magistrats qui apportent, avec l’écho de la piété, le tribut de la parole qui passe devant le souvenir de ces hommes qui restent vivant par la grandeur de leurs actions.
Afin de marquer l’aveu de notre faiblesse dans la louange et pour signifier avec l’éclat que les gestes de ces soldats dominent la destinée des générations, vous avez confié à la pierre la mémoire de leur sacrifice, et vous avez dressé un monument qui ne décore par moins la cité par l’harmonie de son image que par le simulacre consacré aux vertus qui ont exalté ces héros.
Encore que le cortège des enfants, des vieillards et des mères douloureuses suffise à évoquer la tristesse de la guerre et la gravité des pertes infligées à la commune, il semble que pour rendre visible à tous le symbole de cette cérémonie vous ayez voulu faire concorder avec l’anniversaire du quatorze juillet cette fête inaugurale.
Les Assaillants de la Bastille ont fondé la liberté moderne ; les Français de la Grande Guerre l’ont sauvée.
Les hommes de 89 ont établi les assises du droit sur les ruines et sur les pierres fumantes du passé ; les soldats de 1914 ont défendu la souveraineté du droit menacée par les hordes barbares qui semaient le feu de la mort.
Nos ancêtres de la Révolution ont salué l’aube de la République dans un matin d’ivresse ; nos fils et nos frères de la Marne et de Verdun ont conduit le triomphe de la République tandis que le souffle de la Victoire qui passait dans leurs âmes faisait frissonner les lauriers sur son front.
Autant ces événements sont grands dans l’histoire, autant les ouvriers qui ont consommé cette œuvre sont égaux devant la postérité ; les uns et les autres se sont montrés des soldats de la Patrie et des Serviteurs de l’humanité.
Monsieur le Maire et Messieurs les Conseillers Municipaux, après vous avoir félicité de la date choisie pour cette fête, nous admirons avec vous la traduction lapidaire par laquelle vous avez su la commémorer.
Ce ne son pas les hommes qui sont dignes de célébrer de tels hommes.
Ce ne sont ni les souvenirs ni les insignes de la guerre qui peuvent glorifier de semblables soldats.
Ce ne sont même pas, selon la parole de l’orateur athénien, leurs gestes qui suffisent à les louer.
Seule la pensée, l’idée qui exaltait ces martyrs est reçue, à leur porter des couronnes.
Or cette vierge représente la foi de vos enfants, la religion qui liait ces citoyens illustres à la Patrie et à la République.
Victorieuse, ses mains sont chargées de fleurs destinées au front des héros.
Droite et sereine, son beau corps exprime la stoïque majesté de leur sacrifice.
Pacificatrice, son calme visage déclare la dernière pensée qui plana sur leur souffle expirant.
Ville de Sancoins, ville populeuse et insigne dans nos campagnes, tu es la digne gardienne de cette pierre et de cette inscription.
Comme les anciens dressaient au croisement des grandes routes ces stèles qui perpétuaient les triomphes de l’Empire devant les peuples en exode, ainsi tu as érigé ces tables de marbre sur ta place publique au carrefour de trois provinces, afin que les pâtres, les bouviers et les laboureurs qui descendent si nombreux de la vallée, dans tes journées foraines, arrêtent un instant leurs troupeaux, et contemplent dans ce monument, l’image de la France rachetée par le sang des travailleurs de la terre, sauvée par leur abnégation, leur courage et leurs vertus.
Source: L'Avenir du Cher du 23 juillet 1922. Transcription Monumentsducher1418