Discours de M. Peraudin
Mesdames, Messieurs,
Mes chers enfants,
Je ne sais comment témoigner ma gratitude pour les paroles si aimables qui m’ont été adressé par vos représentants à l’occasion d’un acte si naturel de la part d’un de vos meilleurs amis.
Sur la demande du Comité organisateur de l’érection d’un Monument glorifiant le courage et l’héroïsme des enfants de Vouzeron « morts pour la France » j’ai accepté de venir aujourd’hui rendre, avec vous, le suprême hommage de reconnaissance de ceux qui restent envers ceux quoi sont tombés pour la plus noble des causes, la défense de la Patrie et de tout ce qu’il u a de beau dans la Liberté et la civilisation contre la barbarie.
C’est bien là l’idée de tous ceux, qui à un titre quelconque, ont contribué à l’organisation de cette manifestation d’une population qui n’oublie par et qui a tenu à commémorer dignement le culte du souvenir envers 30 de ses enfants morts au Champ d’honneur et dont les noms inscrits dans le marbre et dans la pierre seront un enseignement pour l’avenir.
Comme toutes les populations rurales, Vouzeron a payé durement son tribut à l’horrible guerre qui, pendant quatre années, a désolé la France et des familles endeuillées pleurent la perte d’enfants chéris dont la vaillance a sauvé le monde.
Ils sont tombés un peu partout où a flotté le drapeau de la République si l’on examine de près le tableau dressé à votre Mairie : en Lorraine, en Belgique, dans les Vosges, dans la Somme, sur la Marne, à Verdun, partout où leurs poitrines ont barré la route aux allemands grisés par le succès, criant en tombant face à l’ennemi : Ils ne passeront pas…
Enfants de Vouzeron, je m’incline bien bas devant votre courage et votre héroïsme que j’admire sans réserve mais comme représentants d’une cité industrielle et d’une population qui a la tête chaude mais également courageuse, je tiens à vous rappeler que rien que pour la petite ville de Vierzon nous avons-nous aussi a déplorer la perte de 400 citoyens « morts au champ d’honneur » et ceci uniquement pour montrer que criminels seraient ceux qui voudraient creuser un fossé entre les villes et les campagnes alors qu’il n’y aura jamais trop de l’union de tous pour réparer nos pertes, relever nos ruines, faire face à une situation financière désespérée et qui nous cause de la faillite si les promoteurs de cette formidable terre ne paient pas ce qu’ils doivent.
Mais nous avons le droit d’être optimistes, la France, flambeau de la civilisation ne peut pas disparaître si ses enfants font tous leur devoir pendant la paix comme ils l’ont fait pendant la guerre et il faudrait que partout, lorsqu’un dissentiment éclate entre citoyens d’une même cité, les adversaires se rendent devant ces monuments et se réconcilient, honteux de leurs petites querelles en présence du sublime sacrifice des héros sont nous glorifions la mémoire et qui sont tombés sans distinction d’opinion ou de religion.
1300000 morts manquant à l’appel, cinq années de batailles et d’angoisses, des mutilés par centaine de mille, dix départements les plus riches ravagés, la ruine des milliers de familles, la vue de ces orphelins privés de leur cher soutien doivent nous rappeler aux meilleurs sentiments. Cette catastrophe sans précédent dans l’histoire qui s’est abattu sur le monde ca provoquer un bouleversement universel dont nul ne peut prévoir les conséquences pour l’humanité ; la bête est déchaînée, partout ailleurs qu’en France, chaque jour nous apporte la nouvelle de la mort de centaines d’hommes alors qu’on nous avait promis la disparition des guerres et la société des Nations.
Glorifions nos morts mais que ces manifestations comme celle d’aujourd’hui comportent un enseignement et devenons meilleurs les uns pour les autres ; ce sera la plus belle récompense de leurs sacrifices et des souffrances qu’ils ont endurés pour nous. Plus de parles, des actes : Travaillons, travaillons ???
Bientôt vont revenir au cimetière du pays natal les corps de ceux qui, identifiés, peuvent être ramenés sans crainte d’une erreur toujours possible ; ceux la auront pour veiller sur leur tombe des parents éplorés, gardiens vigilants de la glorieuse dépouille, mais combien d’autre n’auront pas cette consolation pour des raisons diverses ?
Et alors qui sait, si parmi les disparus de votre commune dont nul ne sait le sort dans la bataille, il n’y a pas cet Anonyme dont le cercueil repose sous l’Arc de Triomphe et auquel la France entière a rendu le plus éclatant hommage le 11 Novembre dernier sous la coupole du Panthéon où dorment nos grands Français ?
Petit soldat inconnu, Poilu de France, obscur et glorieux, représentant anonyme et triomphal de la foule héroïque qui a sauvé le monde, tu ne seras pas tombé en vain. Vainqueur d’une juste cause, toi qui a offert la vie au salut de l’idéal qu’une fois de plus la France représentait dans le monde, tu as rempli ton destin, la France et la civilisation sont sauvés et désormais les frères qui restent seront dignes de toi s’ils s’arment de volonté et de constance pour assurer au Pays, qui veut vivre en travaillant, la sécurité de la paix réparatrice que lui ont apportée, il y a deux ans, les grands soldats de la République.
Malgré le lieu, des applaudissements éclatent dans la foule.
Cette partie du programme étant remplie, M. Péraudin, délégué à cet effet remet à trois mère de familles de 10, 11 et 13 enfants les médailles d’or de la reconnaissance française : ce sont Mmes Clavier, Couturier et Colladant, de Vouzeron. Il adresse à chacune d’elles des paroles aimables et les embrasse.
Mesdames,
J’ai été désigné pour vous remettre, au nom du Gouvernement de la République, les récompenses qui vous ont été attribuées par une loi récente.
C’est avec le plus grand plaisir et aussi avec orgueil que je remplis cette mission envers des Citoyennes qui ont donné l’exemple du dévouement à la famille dans des conditions exceptionnelles.
Voici les insignes qui m’ont été adressées pour vous ; vous êtes dignes de les arborer fièrement et je vous demande de vouloir bien m’autoriser à joindre mes biens sincères félicitations à celles que vous avez déjà reçues.
Source: La Dépêche du Berry 1921. Transcription Monumentsducher1418