Inauguration (église)...
Fête du 11 novembre.
La population toute entière a dignement rendu hommage à ses vaillants enfants qui, généreusement, ont donné leur sang pour la France.
Dans ce pays, jadis tant divisé par les luttes politiques, il nous plaît de constater l’esprit de concorde et d’union qui n’a cessé d’exister à cette occasion.
Dès mercredi, partout, les préparatifs s’organisent ; on pavoise de tous côtés, surtout à l’église, où la cérémonie va revêtir un caractère plus solennel en raison de l’inauguration de la plaque commémorative érigée en l’honneur de nos héros.
Les cloches d’abord, la retraite aux flambeaux par la musique ensuite, annoncent, le soir, la fête du lendemain.
Jeudi, à 10 heures, a lieu le service ; la vieille église, toujours belle, est magnifiquement ornée d’oriflammes et de trophées de drapeaux tricolores, alliés aux couleurs de deuil.
Là, le spectacle est inoubliable ; l’antique cité dunoise n’en a jamais vu un semblable. L’église est archi-comble. Le maire et son conseil municipal, la Société des Vétérans, de Secours Mutuels, les fonctionnaires sont présents. La Fanfare exécute un morceau ; l’office commence.
La messe est célébrée par un enfant du pays, qui, lui aussi, a fait la guerre, l’abbé Maserat, curé de Gron, assisté de diacre et sous-diacre. Pendant l’office, un chœur de jeunes filles et de nombreux clergé qui est venu assister M. le Doyen font entendre de fort beaux chants.
A l’Evangile, M. le chamoine Chevalier archiprêtre d’Issoudun, monte en chaire, Pendant plus d’une demi-heure, cet orateur distingué, qu’on ne se lasse pas d’entendre, tint l’assistance sous le charme de sa parole chaude et éloquente, tandis que de toutes parts de nombreux yeux se mouillent de larmes.
Il rappelle les horreurs de la guerre, l’entrain de nos soldats, leur bravoure, devant la barbarie allemande, le sacrifice qu’ils ont fait pour nous sauver, pour sauver notre bien-aimée Patrie, et la leçon qu’ils nous donnent de ne plus nous diviser, mais, au contraire, de rester unis pour être forts, et demande, en terminant, de prier pour eux.
A la fin de la cérémonie, M. le curé, à son tour, est monté en chaire pour remercier les autorités et l’assistance ; puis il a donné lecture des noms des soldats morts à la guerre, qui s’élève, hélas : à plus de 150.
La bénédiction de la belle plaque en marbre où sont gravés en lettres d’or tous ces noms, et placés, comme nous l’avons dit, Chapelle de Sépulcre, eut lieu, puis l’absoute termina cette touchante cérémonie.
A la sortie, sur la place de l’Église, la Fanfare, qui, pendant l’office, avait fait entendre plusieurs morceaux, exécute la Marseillaise. Il est midi, la foule se disperse.
A 2 heures, elle se retrouve devant la mairie, répondant à l’appel du maire, pour se rendre au cimetière, Fanfare, Vétérans, enfants de écoles, en tête, cet impressionnant cortège, comprenant les autorités, les prêtres et une foule immense, gagne lentement le champ du repos. Là, devant la croix, placée au milieu du cimetière, M. Vinadelle, maire de Dun, lit un discours de circonstance très bien accueilli.
Les tombes de plusieurs soldats inhumés ici avaient préalablement été fleuries.
Un discours fut aussi prononcé par le président des Vétérans devant le monument de 1870-71.
Le cortège se reforma dans le même ordre pour revenir à son point de départ. A l’hôtel de ville, M. Vinadelle remercia M. le curé, qui répondit. De la part et d’autre, des paroles aimables, toutes empreintes de tolérance et de concorde, furent échangées.
Un concert fut donné par le Société musicale. Puis ce sont les réjouissances qui commencent dans les bals.
Donc grâce à la bonne volonté de tous, l’union et la fraternité ont régné en cette journée de deuil et de joie, et chacun n’a eu qu’à s’en féliciter. Il faut qu’elles durent !
Nous nous en voudrions de terminer ce compte rendu sans adresser nos vives félicitations à l’organisateur de la cérémonie principale, M. le doyen Allois, et à M. le chamoine Chevalier, qui, par sa présence est venu en rehausser l’éclat.
Et ainsi la ville de Dun peut être fière de la dette de reconnaissance dont elle s’est acquittée si unanimement et si noblement à l’égard des héros, ses enfants.
Source: Le Journal du Cher du 16 novembre 1920. -Transcription Monumentsducher1418