Inauguration...
Le dimanche 11 avril a eu lieu dans notre commune une inoubliable fête. A 9 heures ½, concentration à la mairie ; le tableau, où sont inscrits les noms des enfants de Neuilly en Dun morts pour la France, et destiné à la salle du conseil, a été fait spécialement par un jeune dessinateur amateur de Clermont Ferrand. Il est exposé avec goût et recueillie tous les suffrages, de chaque côté sont les tableaux pour les écoles.
Après un chant patriotique, fort bien exécuté par un chœur à plusieurs parties de filles et de garçons sous la direction de M. l’instituteur de l’Hymne aux morts pour la Patrie de Victor Hugo, récité par Mlle Gitton, on déploie le drapeau communal et de drapeau des vétérans : 4 poilus décorés de la croix de guerre, en tenue de campagne, présentent les armes ; les clairons sonnent au drapeau ; c’est impressionnant. Puis le cortège s’organiser et dirige vers l’église à travers les rues du village pavoisées de drapeaux et d’oriflammes, et merveilleusement décorées ; de chaque côté une rangée de genièvres parsemés de fleurs artificielles ; au dessus des guirlandes faites par les jeunes filles et les jeunes femmes de la localité, avec deux extrémités du bourg des arcs de triomphe en verdure, fort bien réussis, avec des inscriptions patriotiques, sous l’un d’eux, excellente idée, flotte une grande croix de guerre, tout cela a été dressé par les soins de notre nouveau cantonnier chef aidé de ses cantonniers, de quelques habitants et de poilus toujours dévoués. Sur la place devant l’arbre de la liberté M. Marcel Plaisant, ancien combattant, décoré de la croix de guerre et député du Cher, est reçu par le maire, M. Pierre Tixier, qui lui souhaite la bienvenue, M. le député le remercie en termes très heureux.
On pénètre dans l’église qui ne peut contenir toute la foule ; elle est splendidement ornée de drapeaux, de guirlandes et de feuillages. Un catafalque dressé devant le chœur, disparait sous les fleurs et les couronnes ; en avant les deux portes drapeaux se font face, aux quatre coins, les poilus montent la garde. A l’élévation ils présentent les armes, les clairons sonnent Au Champ ; un frisson passe sur l’assistance.
La messe est dite par M. l’abbé Klein, ancien aumônier militaire, décoré de la croix de guerre et de la légion d’honneur. Pendant la cérémonie, une fort belle partie musicale a été impeccablement exécutée par M. l’abbé Siguargout, directeur de la Maîtrise de la cathédrale de Bourges, par M. l’abbé Laurent, décoré de la croix de guerre, professeur à l’institution sainte Marie, et par M. Pivoteau, premier chantre à la cathédrale. A noter surtout le Panis Angelicus de Franck, avec accompagnement de violoncelle, et la Prière pour les Morts. A la fin, M. l’abbé Klein nous adresse une allocution empreinte d’une ardente foi patriotique et religieuse.
M. le curé nous lit d’une voix émue la liste des soldats de la paroisse morts pour la Patrie ; après ke chant du Libera et la bénédiction d’une superbe plaque en marbre noir où sont gravés leurs noms, on se rend en cortège au cimetière. Là, la cérémonie religieuse se termine par la bénédiction du monument aux morts, œuvre de M. Gerbe, marbrier sculpteur à Sancoins, sobre de ligne et d’une conception heureuse ; il perpétuera dignement leur souvenir.
M. le maire prononça alors le discours suivant :
On sent que M. Plaisant a conquis son auditoire, et sa péroraison est couverte d’applaudissements. Avant de quitter le cimetière, on entend encore une poésie de jean Aicard récitée par Mlle Mathiaud, puis un chant patriotique par les enfants des écoles, et une adresse aux morts composée pour la circonstance et dite par Mlle Descamps qui dépose une couronne de verdure au pied du moment. On y dépose aussi une palme en bronze offerte par les vétérans et une superbe couronne en perle donnée par la commune.
Le cortège retourne à la mairie, où après la remise des drapeaux avec le cérémonial habituel, a lieu la dislocation. On s’arrête chez M. Picard, mutilé de guerre, aubergiste, en se rendant au banquet des poilus. Il a lieu, sous la présidence de M. le Député, à l’hôtel Nuget où nous trouvons une salle très bien décoré et un déjeuner admirablement servis, en tous points délicieux.
Au dessert, M. Plaisant, dans une très brillante improvisation, porte un toast aux convives et adresse ses félicitations à notre maîtresse d’hôtel ; il soulève des bravos unanimes. M. Pierre Tixier lui répond.
Monsieur le député, mes chers mais, aux éloquentes paroles que nous venons d’entendre, le veux seulement ajouter quelques mots. Je remercie une dernière fois, M. le député, d’avoir répondu à notre appel, il laissera un souvenir inoubliable parmi nous. Je ne saurais dire avec quel plaisir enfin je constate la franche cordialité qui régné à ce banquet : c’est un nouveau et précieux témoignage d’union sacrée. Vous n’avez rien négligé pour faire une fête digne de nos morts glorieux et de nos héroïques poilus ; je suis fier de ma commune et le suis vivement ému d’avoir été mis à sa tête ! Je lève mon verre à la santé de M. le député et de M. le conseiller général de Charenton, à celle de nos chers poilus, de tous ceux qui sont ici et de tous mes administrés. Je lève mon verre à l’heureux avenir de notre commune, à la prospérité toujours plus grande de notre France éternelle.
La fin du banquet arrive, avant son départ M. le député à l’aimable attention de faire une visite au troisième aubergiste, M. Robinet, un poilu. Il nous quitte ensuite, trop tôt à notre gré, appelé à une fête des poilus à Croisy ; il emporte la sympathie de tous. La fête est terminée ; elle a été entièrement réussie, sans le moindre accroc, favorisée même par le beau temps, malgré un ciel menaçant. Des photographies prises dans la matinée en ont fixé l’aspect. On en parlera longtemps à Neuilly en Dun.
Un assistant
Source: L'Avenir du Cher du 18 avril 1920. Transcription Monumentsducher1418