M. Mérigeon, au nom de la Société Le Poilu et de ses vaillants camarades, les combattants s’exprima ensuite en ces termes:
Enfants d’Aubigny tombés au champ d’honneur, le pays tout entier d’incline au pied de ce monument qui fut élevé à votre mémoire en un geste unanime d’amour et de reconnaissance.
Et nous les Poilus, survivant de la Grande Guerre, nous qui fûmes témoins de notre admirable courage et de votre générosité, nous qui vous avons vu à l’action en Belgique, dans les marais de la Somme, dans les plaines brûlantes de champagne, devant Verdun d’épouvante dans la Meuse et dans les montagnes des Vosges, nous qui savons combien vous fûtes braves au milieu de la tempête, nous venons clamer votre gloire et les devoirs impérieux que votre immense sacrifice a légués au Pays.
On a dit et répété que les poilus luttaient pour le droit contre l’oppression, pour la civilisation contre la barbarie ; ces grands mots, qui apparaissent aujourd’hui comme de vagues formules officielles, sont cependant l’expression même de la vérité.
Enfants d’un pays laborieux et pacifiques, vous ne demandiez qu’à remplir votre tâche dans le calme et le travail ; mais vous n’avez pu supporter l’abominable agression de 1914. Au cri d’appel de la Patrie, vous êtes accourus pour sauver, avec notre liberté, la liberté du monde entier.
Non, je ne crains pas de la dire, parce que déjà c’est de l’histoire, vous n’étiez pas belliqueux, héros tombés au champ d’honneur ; vous n’étiez pas assoiffés de succès et de vaine gloire. Non, vous n’aimiez pas la guerre, mais vous l’avez faite courageusement, avec l’humanité de vrais héros, pour sauver le pays des hobereaux prussiens, dont le nationalisme délirant m’était en péril toutes les nations.
Vous avez espéré, ô martyrs, que la dure leçon suffirait et que le monde, effrayé d’un tel désastre, se remettrait au travail avec un ardent désir de paix et de fraternité ; il faut que votre espérance se réalise et nous jurons solennellement de lui donner tous nos efforts.
Français de toutes classes et de toutes opinions, par-dessus la diversité des idées, un même idéal nous ressemble ; c’est, suivant votre exemple, ô morts glorieux, la volonté de vivre fraternellement, comme là bas aux tranchées, dans l’entraide mutuelle, dans le respect des consciences, dans l’amour de la paix universelle.
Nous le devons à votre mémoire de suivre cet idéal, ô morts bénis ; nous le devons à vos parents, a vos épouses, à vos enfants ; votre sacrifice et leur douleur doivent être la source d’une vie meilleure.
Enfants du canton d’Aubigny, tombés au champ d’honneur, dormez en paix, Nous nous souvenons.
Source: La semaine berrichonne du 5 août 1922. Transcription monumentducher1418